Pour la 1ère fois depuis la Conférence de Madrid de novembre 1991 qui initia les Accords d’Oslo, les délégués de plusieurs nations arabes ont siégé à Varsovie aux côtés d’Israël et fait part de leur détermination à combattre l’Iran, la question palestinienne ne devant plus être résolue comme préalable à ce processus de normalisation. Censé ne constituer au départ qu’« une réunion interministérielle pour promouvoir la paix et la stabilité au Moyen-Orient », ce sommet tenu à Varsovie les 14 et 15 janvier derniers s’est en fait focalisé sur la constitution d’un front régional anti iranien pour s’opposer au défi le plus important, aux yeux des participants, que représente la volonté d’hégémonie du régime des mollahs de Téhéran. Laquelle continue de plus belle de se manifester depuis des années par l’exportation du terrorisme aux quatre coins de cette partie du monde. Un challenge face auquel le problème palestinien a nettement perdu de
son importance… Des délégués de 60 pays, dont 10 Etats arabes Alors que des représentants officiels d’une soixantaine de pays étaient présents à Varsovie – dont ceux des Etats-Unis, ainsi que les ministres et vice-ministres des Affaires étrangères de Jordanie, du Bahreïn, d’Arabie Saoudite, du Yémen, des Émirats arabes Unis (EAU), du Qatar, d’Égypte, du Koweït et du Maroc -, une photographie d’ensemble fort symbolique a été prise fixant une scène qui aurait été inconcevable voilà quelques années : celle du Premier ministre israélien, Binyamin Nétanyaou, entouré des chefs de la diplomatie d’une dizaine de pays arabes de la région. Lesquels ont ensemble débattu de manière posée et décontractée – en séance plénière puis dans divers forums – des problèmes régionaux centrés autour de l’impérieuse nécessité de contrer la menace iranienne, incluant celle du Hezbollah et du Hamas de Gaza. Ce qui contrastait singulièrement avec l’hostilité arabe anti-israélienne et les hautes tensions relevées lors de la Conférence de Madrid de 1991. Or le fait même que dans le Moyen- Orient en pleine tourmente d’aujourd’hui, ces pays arabes ont participé de plein gré et sans réticences à une conférence aux côtés d’Israël représente un véritable tournant géopolitique illustrant le réchauffement des liens
entre Jérusalem et les capitales de ces nations ! Une proximité de vue Israël/ pays arabes contre l’Iran « L’atmosphère envers Israël a totalement
changé », devait déclarer le Premier ministre Nétanyaou après qu’au moins quatre délégués de ces Etats arabes aient publiquement reconnu le droit d’Israël à se défendre contre l’Iran et ses supplétifs avant de préciser que les chefs de la diplomatie arabe présents à Varsovie ont souhaité convoquer sous peu un autre somment afin de mettre au point avec les USA un plan détaillé de lutte contre l’Iran. Et Nétanyaou d’ajouter que ce sommet, qui constituait « une réussite majeure pour Israël », marquait « un moment de changement historique et la fin d’un tabou ! ». Rappelant comment les délégués arabes sortaient jusque-là des salles où se tenaient des forums internationaux quand Israël prenait la parole Nétanyaou a précisé : « Des chefs de la diplomatie des pays arabes dominants dans la région, ont siégé ensemble au côté du chef de gouvernement israélien en parlant ensemble avec force, clarté et unité contre la menace du régime iranien. Ainsi, lorsque les Juifs et les Arabes sont tellement d’accord sur une question, il vaudrait mieux les écouter (…) Quatre des cinq ministres arabes qui se sont exprimés lors de la conférence du 15 février ont fortement et clairement condamné l’Iran, en disant exactement ce que je répète depuis des années ! Ils n’auraient pas pu être plus clairs à ce sujet et sur le droit d’Israël à se défendre contre les agressions iraniennes. » « Je suis convaincu que nous commençons une nouvelle ère avec le Premier ministre Nétanyaou et les dirigeants du Bahreïn, d’Arabie saoudite et des EAU, qui rompent tous ensemble le pain, a dit quant à lui le vice-président américain, Mike Pence, en s’adressant aux invités. Nous sommes plus forts ensemble que nous ne le serions séparément ». Pour sa part, le secrétaire d’Etat US., Mike Pompéo – pour qui « l’Iran est plus déstabilisateur que la Corée du Nord » – devait prononcer une « petite phrase » qui pourrait avoir des implications stratégiques et militaires de poids : « Merci à vous, Binyamin Nétanyaou, d’être présent ici, a-til dit. Il s’agit d’un défi planétaire et nous allons poursuivre notre travail conjoint. Il ne pourra pas y avoir de paix, de sécurité et de stabilité au Moyen-Orient sans se mesurer à l’Iran, un pays militairement présent en Irak, au Yémen, en Syrie et au Liban qui soutient des organisations terroristes telles que le Hezbollah et le Hamas ». Pourquoi ce changement des pays arabes envers Israël ? En fait, ce sommet constitue l’aboutissement d’un processus entamé voilà quelques années lui-même lié à trois types de facteurs ayant peu à peu rapproché ces pays arabes d’Israël: -la compréhension partagée qu’un accord de paix entre Israël et l’AP est impossible dans la conjoncture actuelle, que ce soit par la « faute d’Israël » ou bien plutôt en raison de l’irrédentisme palestinien où l’AP s’aligne sur l’intransigeance du Hamas ;
-la conscience voulant qu’il est de l’intérêt même de ces pays de stopper ensemble aux côtés d’Israël l’Iran et ses avancées impérialistes dans tout le Moyen- Orient ;
-l’évidence voulant que ces pays qui souhaitent progresser et se moderniser n’ont pas de meilleur allié dans la région qu’Israël, la Start-up nation, afin de bénéficier
– comme l’a clairement répété à Varsovie le sultan d’Oman, Qabous ben
Saïd, à Nétanyaou – de toutes ses avancées technologiques, dans l’irrigation et dans la cyberdéfense… A tel point que ces pays arabes ont évoqué un projet commun avec Israël : créer une liaison ferroviaire commerciale et touristique les reliant tous.
Richard Darmon