Ces dernières années, un nouveau mouvement antivaccin est apparu dans les pays développés. Ce phénomène, sans aucun fondement scientifique, s’est surtout amplifié via les réseaux sociaux. Des milliers d’articles alarmistes circulent sur le net, mettant en cause l’utilité et l’innocuité des piqûres obligatoires contre les maladies infectieuses, voire létales. De la sorte, selon certaines études, la réduction (volontaire ou non) de l’utilisation de vaccins dans certaines contrées a provoqué une recrudescence des affections et une augmentation de la mortalité. En Israël aussi, cette attitude existe, non pour des raisons idéologiques mais
pour des mobiles religieux. Le mouvement antivaccin fait donc des émules dans une fine tranche de la population orthodoxe, suffisamment cependant
pour déclencher la réapparition d’une maladie quasiment disparue : la rougeole. En effet, depuis plusieurs mois, une épidémie s’étend dans tout Israël, notamment dans ce milieu. Ainsi fin novembre, 2000 cas étaient recensés, dont plus de 800 à Jérusalem, 266 à Bet Chemech, 149 à Safed et environ 100 à Bné Brak et Beitar Illit. Du jamais vu depuis des décennies. Or la rougeole est la maladie infectieuse la plus contagieuse qui se transmet par la toux, l’éternuement ou le contact avec des écoulements nasaux et des mucosités. Ses complications immédiates comme la pneumonie peuvent être graves voire dangereuses et même entraîner la mort dans 1 cas sur 1 000 chez les individus non vaccinés. De ce fait, une personne non prémunie, exposée à un patient atteint de rougeole, présente un risque supérieur à 90% de contracter la maladie, prévient le ministère de la Santé. D’ailleurs cette infection virale est considérée par l’Organisation mondiale de la Santé comme l’une des principales causes de décès chez les jeunes enfants, même vaccinés. Bien que le taux d’immunisation contre la rougeole avoisine les 95% en Israël, dans les groupes où moins de 90 % des personnes le sont, c’est là que les épidémies peuvent survenir. D’après le Professeur Shai Ashkenazi, directeur de la Société israélienne de pédiatrie, la pathologie « était sur le point de disparaître, mais en raison du recul de la vaccination, elle a fait son grand retour. » Aujourd’hui, mis à part la piqûre, il n’y a pas de remède contre la rougeole. C’est pourquoi, Yaakov Litzman, le ministre de la Santé, a lancé une campagne de sensibilisation en s’appuyant sur les rabbins ‘harédim qui ont incité la population à se faire vacciner. Ceux-ci ont signé un avis religieux dénonçant les parents récalcitrants, violant le principe du . De même, l’appel a été lancé par le Dr Menachem Haim Breyer, directeur médical adjoint de l’hôpital Mayané Hayechoua à Bné Brak, militant de premier plan pour l’adoption des normes de médecine préventive dans la communauté orthodoxe. Car vis-à-vis de la Halakha, protéger sa propre santé est une mitsva, une obligation de s’écarter d’un danger. La vaccination en fait partie. Aussi pour le Rav Its’hak Zilberstein, considéré comme une référence concernant les questions halakhiques dans les domaines de la médecine, ceux qui s’en abstiennent sont considérés comme des « ». En outre fin novembre, la Knesset a adopté un projet de loi permettant d’imposer des sanctions aux parents qui refusent d’immuniser leurs enfants. De plus, une deuxième loi a été présentée stipulant qu’en cas d’apparition d’une maladie, tous les établissements d’enseignement seront tenus de refuser l’entrée à tout élève non vacciné.
Noémie Grynberg