Même affaibli par son intervention en Syrie qui a coûté depuis 2012 la vie à près de 2 500 de ses miliciens, le Hezbollah aentraînée et armée de pied en cape par l’Iran des mollahs qui la considère comme son « bras avancé » et une arme stratégique de 1er plan sur la frontière-nord d’Israël, la milice chiite est devenue avec ses plus de 40 000 hommes, bien plus qu’un « groupe terroriste », une véritable petite armée sophistiquée, hyper- équipée et très motivée possédant une hiérarchie disciplinée et ayant à sa disposition une énorme puissance de feu de 140 000 roquettes et missiles – dont des milliers pouvant frapper tout le territoire israélien -, ainsi que des centaines de drones de combat. Alors que jusqu’au début des années 2000,
ce furent les organisations d’obédience syrienne qui s’engagèrent dans les conflits politico-ethniques ravageant le Pays du Cèdre – ce qui fit longtemps de Damas un grand acteur de la scène régionale -, cette situation a été inversée par la guerre civile syrienne où l’on a vu le Hezbollah chiite libanais et aussi certains miliciens chiites venus d’Irak se transformer en acteurs centraux des sanglants affrontements ayant secoué la Syrie depuis 2011, le Hezbollah jouant désormais un rôle régional de 1er plan. Meme s’il continue de se terrer dans son bunker dont il ne sort que très rarement, Nasrallah s’est fixé trois objectifs après sa prétendue « victoire » sur Tsahal de l’été 2006 lors de laquelle près de 700 roquettes furent tirées 20 jours durant sur Israël : assurer une stabilité minimum à la mosaïque politico-ethnique du Liban, épauler le régime syrien d’Assad en coordination avec des milliers de Gardes révolutionnaires et d’officiers iraniens, et préparer sa milice devenue une petite armée efficace – au prochain round contre Israël : une 3e Guerre du Liban en perspective de
laquelle le Hezbollah a arrêté des plans précis d’attaques reposant sur ses « tunnels stratégiques » (voir notre article), ainsi que sur des tirs nourris et incessants de missiles capables d’atteindre tout le territoire israélien – dont le réacteur nucléaire de Dimona, l’aéroport Ben-Gourion et les aéroports militaires de Tsahal, comme la dangereuse usine d’ammoniaque de Haïfa. Et ce à raison d’un millier de tirs par jour, avec les conséquences que cela aurait sur le « front de l’arrière » et la population civile d’Israël ! C’est qu’après le retrait de Tsahal de la Zone de sécurité du Sud-Liban de mai 2000, le Hezbollah a installé de nombreux postes militaires bourrés d’armes tout près de la frontière d’Israël, a construit – partout au Liban – des bunkers et des arsenaux souterrains de lance-roquettes, tout en espionnant le dispositif de défense de Tsahal. De plus, Nasrallah compte aussi utiliser ses bataillons de l’Unité Radwan et des autres mini-milices chiites pro-iraniennes, tous devenus bien plus expérimentés après leur long engagement en Syrie pour les déployer sur le Golan syrien ou les infiltrer en Israël. Un dispositif menaçant – assorti aussi, selon Nasrallah, « d’autres surprises désagréables pour Israël » – qui obligerait Tsahal à bombarder intensément le Liban lors de la prochaine guerre et à devoir y pénétrer
plus profondément qu’en 2006, même si l’armée semble cette fois mieux renseignée et préparée à ce type de scénarios. Toutefois, comme vient de le dire le général en chef de la Défense passive israélienne, « lors du prochain round au nord, les Tel-Aviviens ne resteront pas aux terrasses de leurs cafés (…), car cette guerre ne ressemblera pas à une partie de piquenique ». R. D.
Le point sur la menace du Hezbollah à la frontière-nord d’Israël
Forte de plus de 40 000 hommes bien entraînés et équipée de dizaines de milliers de missiles et roquettes, la milice chiite prépare activement sa prochaine guerre contre Israël.