Le Maharchal, Morénou Harav Chlomo Louria est l’un des plus éminents possekim, décisionnaires halakhiques, du 16e siècle. Le Maharchal, l’un des descendants de Rachi, serait né en 1510 dans la
ville de Brest-Litovsk, royaume de Pologne-Lituanie (actuelle Russie) et il mourut à Lublin le 12 kislev 1572. Dès son jeune âge, Rabbi Chlomo partit étudier à Lublin où il eut pour camarade le Rama- Rabbi Moché Isserless, auteur de l’un des plus grands commentaires du Choul’han Aroukh et pour maître Rabbi Chalom Chakhna, fondateur de la première académie talmudique de Pologne. De Lublin, le Maharchal émigra à Ostrog où il épousa la fille du Roch Yechiva Rabbi Klonymus. Suite au départ de son beaupère, Rav Louria prit à l’âge de 40 ans la direction de la communauté d’Ostrog, pour être finalement nommé environ cinq ans plus tard à la tête de l’éminente yéchiva de Lublin. Suite à de nombreux problèmes internes, le Maharchal entreprit de fonder sa propre yéchiva à Lublin même. Sa sagesse déjà célèbre attira d’illustres élèves issus des quatre coins de l’Europe. Le bâtiment de la yéchiva, plus connu sous le nom de « synagogue du Maharchal » lui survécut près de quatre siècles pour disparaître au cours de la seconde guerre mondiale. Du Maharchal, nous retiendrons deux des ouvrages les plus célèbres. Tout d’abord le Yam chel Chlomo- Mer de Salomon, majeur écrit de halakha dont l’ordre de rédaction suit celui du Talmud. Ce traité avait pour but de détailler l’ensemble des procédés et réflexions ayant conduit à l’établissement de la halakha, contrairement à la majorité des traités de loi juive contemporains qui se contentaient de citer la halakha telle qu’elle devait être observée. Le second ouvrage du Maharchal, le ‘hokhmat Chlomo, littéralement Sagesse de Salomon, est également une uvre majeure de la littérature juive. Publié par le fils du Maharchal après la mort de son auteur, c’est sous une forme abrégée que ce commentaire apparaît dans presque toutes les versions du Talmud de nos jours. Pourtant, de son temps, le style bien particulier du Maharchal ne fit pas l’unanimité. Homme supérieurement intelligent, profondément honnête et indépendant, à la critique vive, il dut également supporter l’hostilité de beaucoup de ses contemporains. En effet, la recherche de l’exactitude de la halakha du Maharchal était telle qu’il en vint même à accuser Rabbi Yossef Karo, auteur du célébrissime Choul’han Aroukh, de proposer une approche parfois superficielle de la halakha, qu’il aurait basée sur des textes inexacts. Malgré tout, le Maharchal est également connu pour les liens étroits qu’il a entretenus avec les plus grands sages de son époque comme le Rama, qui le disait « grand comme Chamaï et modeste comme Hillel » et avec qui il entretint une correspondance étroite tout au long de sa vie.