Les origines de ce lieu saint
Le Mur Occidental est un mur de soutènement de l’esplanade du Temple datant de l’achèvement de la construction du 2nd Beth Hamikdach. L’histoire de ce lieu saint remonte selon nos Sages, à la création du monde qui commença par cet épicentre, et plus précisément par la « Even Hachetiya » située au sommet d’une montagne modeste, le « Har Hamoriya » dont l’appellation nous révèle ses multiples facettes, c’est à la fois le lieu d’où émanent l’instruction en Torah (horaa), la Crainte du ciel (Yira) et la lumière (Ora). Là, de grands évènements historiques de notre peuple se produisirent : Avraham y fit monter son fils Its’hak sur l’autel, Yaakov vit en rêve l’échelle s’élevant jusqu’au ciel sur laquelle les anges montaient et descendaient. Enfin, c’est là que furent construits les deux Baté Mikdach, vecteurs de la Présence Divine sur terre.
La chute du 2nd Beth Hamikdach
A la fin de l’époque du 2nd Beth Hamikdach, alors que les Romains occupaient déjà Jérusalem, ils respectaient encore la sainteté du Makom Hamikdach et l’accès au Mont du Temple leur était interdit sous peine de mort. Mais malheureusement, quelques années plus tard, on assiste à un revers de situation.
Le Midrach Rabba (Eikha 1,32) raconte que pendant 3 ans et demi, le général de l’armée romaine, Aspisianus accompagné de son fils Titus, assiégèrent Jérusalem. Ils avaient sous leur contrôle 4 ducs originaires de différents pays à qui ils confièrent la destruction d’une partie de la ville. Le duc arabe, responsable de détruire le Mur Occidental, décida de ne pas raser cette partie du rempart. Lorsqu’Aspisianus lui demanda des explications, il lui répondit : « si nous avions tout détruit, on aurait pu penser que vous aviez détruit une petite ville mais en laissant cette partie intacte, l’on réalisera, le calibre de cette ville et l’ampleur de votre puissance ! »
Bien entendu, cela n’était autre que la réalisation du projet divin qui, comme le précise le Midrach à propos du verset de Chir Hachirim (2 ; 9) « Le voici qui se tient derrière notre muraille », Hachem promit qu’Il ne détruira jamais le Kotel Hamaaravi.
Vers l’année 135, après la défaite de la révolte de Bar Kokhba, les Juifs sont expulsés de Jérusalem. Il leur est désormais interdit d’avoir accès à la ville sainte, sauf un jour particulier, le 9 Av, où, moyennant paiement, ils ont le droit de venir se lamenter sur les ruines du Temple.
Les traces du Kotel se perdent… puis se retrouvent
A partir du 4e siècle, des récits de voyageurs témoignent que des Juifs montent prier à Jérusalem, pleurer la destruction du Beth Hamikdach et déchirer leurs vêtements. L’un de ces premiers témoignages est celui du « voyageur de Bordeaux » arrivé à Jérusalem en l’an 333. Toutefois, l’on ignore l’emplacement exact de ce lieu de prières auquel ces récits se réfèrent. De nombreuses hypothèses soutiennent que les Juifs se rendaient alors sur le Mont des Oliviers, surplombant le Mont du Temple, et pouvant ainsi observer de loin, le lieu saint. En effet, dès 637, après la conquête musulmane de Jérusalem, les Juifs font l’acquisition d’un terrain sur le Mont des Oliviers et reçoivent à nouveau l’autorisation de vivre et de pratiquer leur religion librement à Jérusalem.
Le Rambam qui est monté en Israël dans les années 1165-1166, s’est rendu à Jérusalem pour prier près du Mont du Temple mais il ne semble pas se référer au Kotel.
L’on rapporte (notamment dans le « Doréch Tsiyon » du Rav Moutsaffi Chlita) que le Kotel fut redécouvert il y a près de 800 ans. Camouflé pendant de longues années par un tas de déchets, le Sultan Suliman (1494-1566) interrogea un jour une vieille femme de Beth Lé’hem qui venait y déposer ses détritus : « Pourquoi parcours-tu un si long chemin pour jeter ta poubelle ? » Elle lui répondit : « Selon une tradition familiale, à cet endroit se trouvait la maison des Juifs et le jour où elle sera redécouverte, nous serons expulsés d’ici… ». Le Sultan entreprit alors une opération de nettoyage, y dispersa des pièces d’or pour attirer du monde à venir déblayer les lieux… Ainsi, le Kotel fut redécouvert !
La première mention explicite du Mur Occidental, après de longues années de brouillard à son sujet, date de la visite à Jérusalem de Rabbénou Ovadia de Bartenoura en 1488 dont la description du lieu de prières correspond, sans l’ombre du doute, au Kotel.
Dans son livre Darké Tsiyon, le Rav Moché Poriyat, originaire de Prague qui est monté en Israël au 17e siècle, précise qu’en raison de la sainteté du Kotel Hamaaravi, ils veillaient à ne pas prier devant le mur proprement dit mais à maintenir une certaine distance de ce Makom Kadoch.
Dès la génération suivante, des offices sont organisés devant le Mur, en particulier les veilles de Roch ‘Hodech et les jours de jeûne.
Ainsi, pendant 400 ans, de 1517 à 1917, Erets-Israël est sous l’Empire Ottoman et les Turcs laissent les Juifs prier au Mur.
Sous l’Empire Britannique
De 1917 à 1948, c’est au tour des britanniques d’administrer le pays, le statuquo est alors maintenu mais jusqu’en 1929 uniquement car des tensions apparaissent entre Juifs et Musulmans autour du Mur. Des émeutes éclatent et s’étendent à ‘Hévron où des Juifs sont massacrés. Les Britanniques nomment une commission d’enquête qui conclut que le Mur est propriété des Musulmans. Cependant, les Juifs ont le droit d’y prier à condition de se conformer à certaines régulations qui, entre autres, leur interdisent d’y sonner le Chofar.
Sous le contrôle jordanien
Au cours de la guerre israélo-arabe de 1947-1948, la Légion arabe prend le contrôle de la Vieille Ville. Et, dès le 28 mai 1948, les autorités jordaniennes interdisent aux Juifs, quelle que soit leur nationalité, d’avoir accès au Mur. Ainsi, pendant les 19 années qui vont suivre, en violation des accords d’armistice signés entre Israël et la Transjordanie, le 3 avril 1949, les Juifs n’ont pu se rendre au Mur Occidental.
Depuis le 7 juin 1967
Lors de la guerre des Six jours, les Israéliens prennent le contrôle de la Judée de la Samarie et de la Vieille Ville de Jérusalem avec en son centre, le Kotel. L’accès au Mur redevient enfin possible. Dès le lendemain, l’armée israélienne détruit 138 maisons situées face au Kotel, afin de créer l’esplanade actuelle. Avant 1948, les Juifs qui venaient y prier devaient se contenter d’un espace restreint de quelques mètres qui séparaient les maisons du Mur. Le reste du quartier voit le retour de Juifs et l’établissement de Yéchivot.
Symbole de l’éternité du peuple juif
Au cours des longues années l’exil, de nombreux Juifs furent prêts à mettre leur vie en péril pour avoir le privilège d’épancher leur cœur en ce lieu saint : symbole d’éternité de notre peuple. Nos Sages prophétisèrent que même après la destruction du Temple, la Présence Divine ne quittera jamais le Mur Occidental et que ce dernier ne sera jamais détruit. Ce lieu est donc un symbole du peuple juif porteur d’espoir : à l’instar du Kotel qui résista à d’innombrables tentatives de destruction, le peuple juif survécut à ses ennemis et resta éternel. Lorsque le Temple fut détruit, toutes les Portes du Ciel se fermèrent à l’exception de la Porte des Larmes. Ainsi, on en vint à nommer le Kotel, le Mur des Lamentations en raison des innombrables larmes que les Juifs y versèrent.
Point de convergence de toutes les prières
Depuis plus des millénaires, les Juifs, des quatre coins du globe, ont toujours dirigé leurs prières vers le Mont du Temple. Selon la Kabbale, les prières affluent vers ce lieu et de là, elles s’élèvent vers le Ciel
Que toutes ces prières adressées à Hachem… en ce lieu de rencontre entre le Juif et Son Créateur, entre le Juif et sa véritable identité… en ce point d’attache à notre peuple, en ce pont qui relie notre passé à notre présent et à notre avenir… puissent être exaucées !
Yokheved Levy