Au vu de son incontestable succès diplomatique à Singapour qui pourrait encourager Donald Trump à concrétiser son plan d’« accord du siècle » entre Israël et les pays arabes avec le concours essentiel de l’Arabie Saoudite, bien des analystes israéliens se sont plu ces derniers jours à avancer que cette sortie en cours de l’impasse nord-coréenne servirait éventuellement de « modèle » à un règlement du conflit plus que séculaire entre Israéliens et Palestiniens.
Si la « méthode Trump » appliquée à ce conflit pourrait, le cas échéant, faire bouger certaines choses dans ce lourd et complexe dossier, trois différences de fond risquent d’invalider ici le précédent coréen…
-1/ Alors que le régime totalitaire coréen est centré sur la personne unique de Kim Jong Un et sa famille contrôlant tout le pays, le leadership palestinien – divisé entre l’AP du président Mahmoud Abbas gouvernant à Ramallah et le califat islamique du Hamas installé à Gaza – n’est pas prêt, dans sa configuration actuelle, à accepter un quelconque compromis avec Israël.
-2/ Alors que dans le dossier coréen, les deux adversaires de longue date ont commencé à Singapour à traiter ensemble face-à-face sans aucun intermédiaire, de nombreux « entremetteurs » internationaux – égyptiens, saoudiens, européens et surtout américains – se sont proposés depuis des décennies pour débloquer – sans succès – le contentieux israélo-palestinien.
-3/ Alors que l’une des clés possibles de la résolution du conflit nord-coréen réside dans une réunification envisageable des deux parties d’une nation qui fut scindée au moment de la Guerre froide entre l’Occident et le Bloc communiste, le conflit israélo-palestinien est bien plus ample et sophistiqué. Car il ne s’agit pas seulement d’un simple contentieux territorial (qui porterait sur le tracé de « frontières », la désignation de « capitales » voire des échanges éventuels de populations, comme cela s’est souvent produit dans l’Histoire), mais d’un conflit « existentiel » dont l’aspect inextricable tient surtout au refus civilisationnel et religieux des Arabo-palestiniens d’accepter l’existence d’un Etat juif souverain et indépendant dans cette partie du monde… Richard Darmon