Une semaine après que le Hamas et le Djihad Islamique ont accepté la proposition, ou plutôt l’injonction égyptienne, de cesser le feu en direction du territoire israélien, il était difficile de parler de retour au calme dans le pourtour de la bande de Gaza. D’abord parce que durant le week-end plusieurs roquettes ont été tirées vers les localités israéliennes de cette région, ce qui a provoqué une riposte massive de l’armée de l’air israélienne contre les positions du Hamas. Mais surtout, parce qu’après les émeutes de la « marche du retour » qui n’ont pas permis au mouvement terroriste de forcer la barrière de sécurité, et après l’échec des tirs de roquettes vers Israël (pour la plupart interceptées par un système Dôme de Fer de plus en plus performant), le Hamas a brandi à nouveau ce qui, de manière presqu’inattendue, est devenu son arme la plus efficace : les cerfs-volants incendiaires. En effet au cours des dernières semaines, ce jeu d’enfants apparemment anodin a été sophistiqué grâce à l’esprit de haine et de destruction des Palestiniens qui ont équipé ces cerfs-volants de bouteilles incendiaires. Les terroristes du Hamas ont constaté que généralement, vers le milieu de l’après-midi, le vent venant de la mer soufflait vers l’ouest, c’est-à-dire vers le territoire israélien et c’est ainsi qu’ils ont lancé au cours des dernières semaines plusieurs centaines de cerfs-volants incendiaires qui ont provoqué des dizaines d’incendie et ont détruit, selon le ministre de la Défense Avigdor Lieberman, près d’un millier d’hectares de terres. Désormais, c’est un véritable spectacle de désolation qui s’offre aux visiteurs circulant sur la route 232 qui longe la bande de Gaza à l’ouest. Selon les experts, ces incendies répétés ont provoqué une véritable catastrophe écologique dans la région. Après les fumées toxiques dégagées par les milliers de pneus enflammés par les manifestants palestiniens tous les vendredis depuis le 30 mars dernier, le pourtour de Gaza ressemble à s’y méprendre à un paysage lunaire. La splendide réserve naturelle de Kramia a été dévastée et des milliers d’animaux qui y habitaient ont péri dans ces incendies répétés. Quant aux arbres détruits par les flammes, il leur faudra de longues années avant de retrouver leur beauté naturelle, leurs fleurs et leurs feuilles. Rosana Dahan, une francophone du kiboutz de Nahal Oz, à deux kilomètres de la bande de Gaza, a été témoin des dégâts causés par ces cerfs-volants : « Nous sommes en pleine récolte du blé. Et j’ai vu de mes propres yeux comment un champ de blé s’est brusquement embrasé après qu’un cerf-volant y a atterri. A Nahal Oz, tous les champs de blé qui n’avaient pas été récoltés à temps ont été incendiés. Et dans le kibboutz religieux de Saad une partie de la récolte est perdue. Les pertes sont très conséquentes sur le plan financier pour les agriculteurs qui déjà en temps normal ont le plus grand mal à joindre économiquement les doux bouts. Et c’est bien entendu aussi tout un labeur gâché : des gens qui ont travaillé dur pour faire pousser ce blé et qui au lieu de le récolter le voit brûler. Pour un agriculteur c’est très difficile ».
Sous titre: Quelle solution pour lutter efficacement contre ces cerfs-volants ?
En se livrant à cette politique de la terre brûlée, le Hamas entend prouver qu’il n’est jamais en panne d’idée pour se confronter avec l’Etat hébreu. Et si les tunnels offensifs appartiennent déjà au passé, il n’en demeure pas moins que le terrorisme des cerfs-volants est en passe de devenir un moyen relativement efficace pour permettre au mouvement terroriste de continuer à occuper le devant de la scène. Au sein de la Défense nationale on insiste sur le fait que ce terrorisme des incendies représente certes un danger pour l’Etat hébreu mais qu’il ne s’agit aucunement d’une menace stratégique. Cependant, dès l’apparition de ce phénomène les experts sécuritaires ont réfléchi à des solutions concrètes : la plus évidente a été d’utiliser des mini drones capables d’intercepter les cerfs-volants. Jusqu’à présent cette technologie qui n’en n’est qu’à ses débuts semble commencer à porter ses fruits. Selon le porte-parole de Tsahal, l’armée israélienne a intercepté, grâce à ces drones, plus de 400 cerfs-volants piégés. Par ailleurs on envisage au sein de l’armée d’inclure les cerfs-volants dans la liste des violations du territoire israélien qui suscitent une riposte militaire automatique de l’armée israélienne. Pour l’instant cela n’a pas encore été le cas, mais si le phénomène continue à s’amplifier dans les prochaines semaines, alors Tsahal pourrait considérer cet envoi de cerfs-volants avec la même gravité qu’elle considère l’envoi de roquettes ou de missiles en direction du territoire israélien.
Sous titre: Comment dédommager les agriculteurs touchés ?
Lorsque les agriculteurs de la région ont compris que les actes de vandalisme provoqués par ces cerfs-volants piégés allaient se poursuivre, ils se sont très vite tournés vers les autorités israéliennes afin de réclamer des dédommagements substantiels pour ces récoltes disparues en fumée. Sans de telles compensations, ces agriculteurs qui vivent déjà en permanence dans la difficulté auront le plus grand mal à aller de l’avant. Finalement après plusieurs semaines de silence, Binyamin Nétanyaou a réagi fermement. Il a d’abord indiqué que les agriculteurs seraient bel et bien dédommagés et ensuite, il a précisé que les fonds permettant ce dédommagement seront prélevés parmi les arriérés de TVA qu’Israël verse traditionnellement dans le compte de l’Autorité Palestinienne.
Daniel Haïk
Incendies terroristes aussi dans le Gouch Etzion
Les terres israéliennes qui jouxtent la Bande de Gaza n’ont pas été les seules à être touchées ces dernières semaines par le « feu palestinien ». Le 23 mai dernier, à quelques jours du traditionnel festival des cerises, des terroristes palestiniens ont incendié des vergers de cerisiers dans le kibboutz de Kfar Etsion. Cet incendie qui a dévasté des centaines de cerisiers a été le paroxysme d’une « offensive » palestinienne contre ces récoltes, offensive qui représente un très important manque à gagner pour les responsables de ces champs. Pour le président du Conseil régional du Gouch Etzion Chlomo Neeman il s’agit là de véritables attaques terroristes soigneusement organisées par des Palestiniens et il a déploré que quelque jours auparavant la Cour Suprême ait libéré de jeunes palestiniens qui étaient sous le coup d’accusations semblables. D.H.