Tentant de rentabiliser sur la scène diplomatique les énormes dividendes de « compassion » pro-palestinienne empochés depuis deux semaines grâce au traitement médiatique unilatéralement en leur faveur, des émeutes de Gaza, l’AP a encouragé le Koweït à déposer en milieu de semaine dernière au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de Résolution sur l’envoi d’une « force internationale d’interposition » censée « protéger les territoires palestiniens occupés par Israël ».
Même si elle ne peut empêcher les pourparlers interarabes actuels sur ce projet de texte ni les manœuvres qui les accompagnent dans les couloirs de l’ONU, la diplomatie américaine – très hostile à cette démarche – compte bien user de son droit de véto pour bloquer une telle Résolution lorsqu’elle sera présentée devant le Conseil de Sécurité. Ce qui aura pour conséquence automatique le fait que l’AP se retournera alors vers l’Assemblée générale onusienne afin qu’elle vote le même texte sur l’envoi de « troupes internationales d’interposition » qui devront nécessairement se positionner en Israël même, ne serait-ce que dans la partie-Est de Jérusalem et autour des grandes villes arabes de Judée-Samarie, sans parler de la Bande de Gaza…
La stratégie du « porte-avions » va-t-elle cette fois réussir ?
Est-ce à dire que le fameux et très ancien projet de Yasser Arafat jamais mené à bien – transformer les territoires palestiniens en « porte-avion » pour une intervention internationale anti-israélienne (semblable à celle de l’ONU dans l’ex-Yougoslavie) – serait désormais en passe de réussir ?
Pas vraiment, car il n’est pas sûr que tous les pays d’Europe, d’Afrique et d’Asie – où Israël a renoué ces dernières années de nouveaux liens – en seront d’accord, et surtout parce que l’Etat hébreu a clairement fait savoir qu’il considèrerait que cet envoi de troupes onusiennes constituerait une intolérable atteinte à sa souveraineté et à sa sécurité, attendu que la présence très partisane de soldats étrangers aux confins des grands centres palestiniens de population empêcherait Tsahal de mener à bien ses missions anti-terroristes préventives et risquerait de surcroît de provoquer de graves incidents entre ces troupes de l’ONU et l’armée israélienne… Un scénario catastrophe assez cataclysmique que la plupart des Etats un tant soit peu « responsables » de la communauté internationale voudront sans doute éviter. Faute de quoi, ce pourrait être la fin de l’ONU dont se retireraient, entre autres, les USA et sans doute aussi le Canada, qui a voté contre ce projet de Résolution koweïtienne.
Une autre proposition de l’Egypte et du Qatar
En attendant, le très anti-israélien Conseil des droits de l’homme onusien siégeant à Genève – et où nul pays ne dispose d’un droit de véto – a adopté le 18 mai dernier par 29 voix contre 2 le principe de l’envoi d’une « Commission d’enquête sur la conduite de Tsahal » le long de la frontière de Gaza.
Plus réalistes parce que davantage au fait des réalités de terrain au Moyen-Orient, l’Egypte et le Qatar sont en train de faire avancer une proposition censée résoudre la « crise humanitaire » à Gaza grâce à une nouvelle trêve prolongée entre Israël et le Hamas qui, si elle réussissait, by-passerait complètement l’AP et minimiserait son rôle diplomatique. Selon cette proposition, le Hamas et ses alliés cesseraient leurs tirs de roquettes et la construction de leurs tunnels partant de Gaza vers Israël, en respectant un « périmètre de sécurité » autour de la Bande et en résolvant le dossier des Israéliens vivants et morts détenus par le Hamas. En échange de quoi Israël et l’Egypte lèveront certaines restrictions sur la circulation des biens et marchandises (non utilisables au plan militaire) aux points de passage de Gaza. Richard Darmon