La société moderne ainsi que les valeurs de la démocratie valorisent à l’extrême les libertés, et de façon générale le libéralisme. L’idée de liberté a pris une valeur extrémiste, totalitaire et absolue dans notre société.
La société civile en a fait un culte, préoccupée sans arrêt par le droit, le droit des libertés, le droit de l’individu, la déclaration des droits de l’homme, les droits de la femme, la liberté d’expression, le droit de grève etc.
Ce droit sacré et imprescriptible listé de façon détaillée et méticuleuse, se définit soit en droit individuel soit en droit collectif.
Quoi de plus naturel alors que de s’intéresser à l’idéologie des droits. Or l’idéologie du droit collectif depuis plus de quarante ans est de plus en plus corrompu par le droit individuel. Ce dernier s’est imposé comme l’ossature de la globalisation et comme un outil de domination, mais aussi de nivellement et d’uniformisation.
Ainsi, un des traits prononcés de la société actuelle est l’individualisme. L’individu exige, revendique, proteste, son droit est primordial, il est capital. Le ‘’Je ‘’ triomphe face au ‘’Nous’’.
Bref l’individu a des droits dans un Etat de droit.
Mais qu’en est-il alors de la responsabilité et des obligations de chaque individu envers son prochain ou bien alors envers un collectif.
La société occidentale, à l’inverse de la Torah, prêche les différents droits alors que la Torah n’en mentionne jamais. La Torah au contraire véhicule uniquement la notion d’obligation. Il n’est pas mention d’un droit individuel particulier, d’un droit à la liberté ou encore au bonheur mais seulement des obligations envers soi-même, envers autrui, envers un groupe, envers son créateur. Bien sûr la Torah oraleen revanche mentionne des droits individuels mais toujours sous forme de débats controversés.
La Torah« oblige à », alors que la société invoque des droits. Cependant les notions de droit et d’obligation sont intimement liées et représentent deux faces d’une même pièce. Il ne peut y avoir pour un individu, un groupe ou encore pour une société moderne de droits sans devoirs.
La Torah d’ailleurs dispense cette idéologie dans toute les couches de l’existence que ce soit à l’échelon de l’individu (Mitsvotta’assé et vélo ta’assé), d’une relation à autrui (les rapports d’échanges dans un couple) ou encore au niveau de la sociétéet du droit du travail par exemple (le monde du travail et les relations salariés/patron).
A l’image de l’individu, une société où ses fondations se construisent sur le droit individuel de ses concitoyens,est une société en perdition. Elle se focalisera uniquement sur l’idée d’accumuler, d’engranger, de prendre. La Torahsouligne cette idée et au contraire diffuse un message où l’individu doit se responsabiliser vis-à-vis de lui-même, d’autrui et donc de son Créateur afin d’atteindre un équilibre dans son existence. La Torah prône ainsi une éducation afin de rendre conscient l’individu de ses obligations et de ses responsabilités tout en étant lucide de ses droits. Il ne peut en être autrement sans que le chaos survienne très rapidement.
La plupart des études sociologiques depuis ces dix dernières années montrent le fossé qui s’est creusé entre les parents et leurs enfants adolescents ou jeunes adultes. Plusieurs observations psycho-sociologiques ont tenté d’expliquer ce phénomène. Pour certains ce n’est qu’une question intergénérationnelle avec l’émergence du concept de génération « Y », « Z », « Mutant ». Pour d’autres ce phénomène n’existe pas et est l’invention des professionnels du marketing.
Mais pour la Torahcomme c’est indiqué dans Kohelet,« rien de nouveau sous le soleil ». En effet beaucoup de commentaires de Rabbanim nous expliquent comment appréhender ces problématiques. Cependant au-delà des conseils précieux de ‘Hazal, beaucoup de parents et d’éducateurs constatent qu’il y a parfois une incompréhension qui s’installe et qui perdure. Dans la plupart des cas la communication reste encore possible et bienveillante mais parfois elle devient difficile. Alors comment expliquer ce malaise.
Beaucoup d’adolescents et de jeunes adultesaujourd’hui, ont du mal à se projeter, à avoir un objectif à court ou moyen terme. Ils vivent uniquement dans le présent, dans ce que peut leur apporter à l’instant T une situation, une opportunité afin d’obtenir un résultat immédiat.
Quand vous mettez votre « JE » en avant, quand la seule chose qui compte est la satisfaction de vos désirs et de vos envies, cela crée un rapport avec les autres extrêmement violent. L’autre devient un objet.
Ne parlons pas des nouvelles technologies du numérique et du digital avec l’avènement des smartphones, tablettes et autres gadgets tel que les réseaux sociaux Facebook et compagnie, qui ont cristallisé ces nouveaux phénomènes.
Le jeune se renferme, devient parfois addict aux technologies. Le problème aujourd’hui n’est plus Internet mais les moyens et les supports qui permettent de s’y connecter.
Le jeune pense avoir le monde au bout de son index, il confond l’accès à l’information et la maîtrise de l’information. Cette information devient pour le jeune essentiel, il faut rester connecté.
Je suis connecté donc j’existe. Je suis l’égal du maître, du professeur, des parents. Ce phénomène se caractérise depuis quelques années maintenant dans les écoles ou un certain non-consentement de l’autorité peut se constater y compris dans les écoles juives en France. Cela s’est exacerbé depuis cinq ou six ans.
L’existence du jeune est dans l’instantané. Leur vision du monde n’est que dans l’accumulation, dans l’appartenance.
Cela m’appartient car j’ai un droit.Le questionnement est souvent rare ce qui implique un manque de réflexion dans la vie au jour le jour sans se soucier de l’avenir. Ce sentiment de droit inné qui se traduit dans l’immédiateté ne peut être que dans la volonté de prendre. J’ai un droit donc je prends et je prends maintenant.
Or la Torah nous enjoint à un questionnement et donc à une réflexion sur du court et du long termes pour développer et s’investir dans un futur.
Pour arriver à cet objectif, il faut un investissement personnel, du sacrifice, un don de soi, sortir du domaine du confortable. Bref il faut donner. Donner c’est avoir des obligations et des devoirs.
Lorsqu’un individu respecte ses devoirs, il créé un lien avec l’autre. Les devoirs et les obligations de l’individu seront alors de contrôler à ce que les droits d’autrui soient garantis.
Alors que faire. Il n’y a pas de formule magique dans l’éducation, cependant il y a des actions à mener auprès de nos enfants, de nos adolescents et jeunes adultes. La première des choses c’est d’essayer de leur donner le plus de confiance en eux, par des encouragements. Un adolescent qui gagne en confiance et un adolescent qui peut se projeter et donc se sensibiliser à ses obligations et devoirs. L’encouragement est un des piliers de l’éducation.Je n’encourage pasmon enfant seulement lorsque tout va bien, je l’encourage aussi et surtout lorsqu’il rencontre des difficultés et des obstacles à l’école ou dans son service auprès d’HakadochBaroukhHou. Rav YAKOVSON, grand pédagogue et éducateur en Israël, nous dévoile quelque chose d’essentiel dans l’éducation de nos enfants, l’encouragement est à mettre à toutes les sauces.
Enfin il est essentiel de garder avec nos enfants une communication bienveillante, un amour inconditionnel. Seule une véritable communication avec nos enfants pourra leur faire comprendre que l’objectif d’un juif, est seulement d’être un véritable serviteur de notre créateur. Rav A. TATZ nous apprend que : « Seul le serviteur de la vérité est libre ».
David BENITTA
Directeur de l’école IAD
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