Imams contre le manifeste sur l’antisémitisme
La Grande mosquée de Paris a dénoncé un « procès injuste et délirant » instruit à l’encontre des Français musulmans par le manifeste dénonçant le « nouvel antisémitisme » publié le 22 avril dans Le Parisien et signé par quelque trois cents personnalités. Pour le recteur de l’institution, l’inamovible Dalil Boubakeur, « cette tribune présente le risque patent de dresser les communautés religieuses entre elles ». Et de poursuivre : « Dans tous les cas, nous souhaitons faire de la lutte contre l’antisémitisme et le racisme antimusulman une cause nationale ». Difficile si l’on commence par nier l’évidence, à savoir « l’épuration ethnique à bas bruit » alimentée par l’islam radical et dont le judaïsme français est victime dans certains quartiers – ce qu’ont légitimement souligné les auteurs du manifeste.
Ceux-ci demandent également aux imams de « frapper d’obsolescence » les versets du Coran appelant « au châtiment et au meurtre des Juifs ». Sur ce point, on a observé un silence gêné ou la mise en avant de l’argumentaire habituel sur l’importance de ne pas interpréter le texte sacré de façon littérale, mais de le « contextualiser ». Aucun leader spirituel musulman français n’a admis la nécessité d’une telle remise en cause.
Du côté de l’Observatoire contre l’islamophobie (CCIF), la réaction est cinglante : le contenu du manifeste a été jugé « nauséabond et funeste ». Le président de l’association, Abdallah Zekri, exige des signataires qu’ils « cessent d’accabler l’islam et les musulmans ». Il traite les responsables politiques ayant cautionné la tribune, comme Nicolas Sarkozy, Manuel Valls ou Jean-Pierre Raffarin, de personnalités « en déclin, en mal de reconnaissance médiatique et qui ont trouvé dans notre communauté leur nouveau bouc émissaire ».
Axel Gantz