Le colonel (rés.) Méïr Dahan reste particulièrement serein lorsqu’il évoque la tension provoquée par l’Iran en Syrie. Selon lui, les Iraniens savent qu’ils sortiront perdants d’une telle confrontation. Quant à l’élimination de l’ingénieur du Hamas, il évite de le mettre au compte du Mossad mais admet que celle-ci pourrait être liée à Israël. Entretien. Méïr Dahan, est-ce que l’on retrouve dans l’élimination de l’ingénieur du Hamas, le Dr Fahdi El Batch, samedi en Malaisie, l’empreinte du Mossad ? Les dirigeants israéliens l’ont dit et répété : nous arriverons là où il le faudra pour neutraliser les menaces qui pèsent sur l’Etat d’Israël. Et apparemment, ils savent le faire… ! Maintenant il ne faut pas toujours utiliser le mot presque magique de Mossad. Israël dispose de services de Renseignements divers et tous très performants et ils sont bien plus sophistiqués que ceux de tous nos voisins. C’est incomparable. On ne sait jamais vraiment l’ampleur des missions des agents du Mossad ou je dirais que lorsque l’on parle d’agents du Mossad en Israël c’est parce que l’une des opérations qu’ils ont mené
es s’est mal terminée. Or le Mossad réalise des milliers d’opérations qui resteront secrètes à jamais mais qui apportent une immense contribution à la sécurité d’Israël. Pour ma part, je ne me hasarderais pas à dire ouvertement que telle ou telle action à été réalisée par le Mossad. Mais peut-on évaluer le contre-coup ou l’impact d’une telle élimination pour le Hamas ? Oui. Il est évident que la disparition d’un tel ingénieur retardera pour longtemps les plans d’offensive du Hamas contre Israël, en particulier parce que le mouvement terroriste ne dispose pas d’une réserve d’ingénieurs de ce niveau. Il n’en possède que quelques-uns, et que chaque disparition est un coup dur. Ceci étant, je dois préciser qu’il n’y a pas de raison d’être trop inquiet. Le Hamas est encore loin de disposer des drones suffisamment sophistiqués pour frapper des cibles en territoire israélien et la vigilance israélienne est maximale : il suffit de voir comment l’armée a réussi à neutraliser la menace stratégique que représentaient les tunnels offensifs. Et le Hamas a compris qu’il devait abandonner cette « arme ». Vous avez parlé du drone iranien. Or la menace iranienne contre Israël se fait de plus en plus sentir en particulier à propos des zones de contrôle en Syrie : est-ce qu’à votre avis l’Iran dispose de missiles et d’armes qui lui permettent de frapper durement le territoire israélien ? Il faut rappeler que l’Iran est depuis de nombreuses années en situation de guerre avec Israël mais selon les
observateurs avertis, les Iraniens ont compris qu’ils risquaient gros s’ils frappaient des cibles israéliennes. Les Israéliens ont fourni à la presse et aux médias des détails qui prouvent qu’ils savent quasiment tout sur le potentiel militaire iranien. Et conséquence : après que l’un des leaders des Gardiens de la Révolution a menacé Israël, le chef de la diplomatie iranienne Mouhamad Zarif s’est montré plus « modéré ». C’est à mon avis parce que les Iraniens ont compris que s’ils attaquaient l’Etat hébreu, la riposte serait terrible. Et effectivement après ces menaces, on a remarqué une baisse sensible de la tension. Nous sommes dans un cas d’équilibre dans le rapport de forces entre l’Iran et Israël et franchement je ne vois pas les Iraniens prendre prochainement le risque de frapper le territoire israélien.
Propos recueillis par Daniel Haik