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2 Tishri 5785‎ | 4 octobre 2024

« Pour ramener son prochain vers la voie de la Torah, il faut d’abord l’aimer profondément »

Entretien avec le rav Ouri Zohar

Pour de nombreux israéliens, le rav Ouri Zohar est un symbole. Il y a un peu plus de 40 ans, Ouri Zohar était un acteur comique, metteur en scène, et compositeur adulé par la société laïque et libérale israélienne. Ses duos avec le chanteur Arik Einstein zal étaient de véritables morceaux d’anthologie du cinéma israélien. C’est pourquoi, l’annonce de son retour vers le monde de la Torah en 1977 et son entrée dans la Yechivah d’Or Saméa’h ont provoqué un véritable tremblement de terre. Et pendant de longues années, certains de ses anciens camarades ont refusé de croire que ce changement était définitif. Pourtant depuis, ils se sont fait une raison. Aujourd’hui, le rav Ouri Zohar dispose d’un statut inédit dans la communauté ‘harédit d’Israël: celui d’un tsadik qui vit retiré du feu des projecteurs, qui consacre son temps au Limoud Torah et qui n’accepte de quitter son domicileque pour rapprocher ceux qui se sont éloignés des voies de la Torah. Beaucoup d’entre eux ne restent pas insensibles à son charisme naturel. A l’approche de Pessah, il a reçu Haguesher dans le petit deux pièces où il vit à Jérusalem et nous a confié sa « botte secrète », celle qui lui permet de toucher des milliers d’âmes juives égarées.

-Haguesher: Si vous aviez à revenir vers le monde de la Torah de nos jours, est-ce cela aurait été plus difficile ou moins difficile qu’il y a 40 ans lorsque vous avez entrepris cette démarche? -Rav Ouri Zohar: Cela aurait été beaucoup plus facile! Mais j’ai eu le mérite de bénéficier d’un miracle qu’Hachem m’a envoyé. Ce miracle s’appelle le rav Itzhak Shlomo Zilberman qui m’a entrainé dans ce monde que je ne connaissais pas. Imaginez vous que durant les 40 premières années de ma vie je n’avais jamais adressé la parole à un rav, pas même à un ‘harédi. J’ai grandi et vécu dans ce pays sans que personne ne m’ait jamais posé la moindre question de Emouna. Nous ne parlions pas de cela! Et soudain, ce miracle! C’est un Juif fantastique, rav Arié Itzhak qui m’a conduit auprès du rav Zilberman; le rav Zilberman était un intellectuel de très haut niveau. J’ai été stupéfait par les connaissances de cet homme. Pour moi, à l’époque,les Rabbanim étaient des primitifs qui s’accrochaient à des coutumes moyen-âgeuses et j’étais persuadé que ce monde de la Torah était en voie de disparition. Or j’ai découvert auprès du rav Zilberman un puits de sagesse, en dehors de nombreuses autres qualités. Nous avons parlé ensemble d’Aristote, de Platon de Sartre , de Mozart et Beethoven. Cela m’a impressionné. C’est au cours de nos discussions, qu’il m’a prouvé l’existence de D. . Et alors il est devenu une sorte de menace, parce qu’il menaçait ainsi mon existence. Il remettait en cause tout ce qui représentait le monde dans lequel j’évoluais. Et je me souviens avoir pensé: comment moi, Ouri Zohar qui suis le pacha des plages de Tel Aviv, je vais devenir comme ces « Dossim », comme ces ultra-orthodoxes!? Je n’ai pas voulu accepter que le Emet, la Vérité était chez eux! Mais le rav était tellement vrai et persuasif qu’à un certain stade je me suis rendu à l’évidence. Et j’ai commencé mon retour vers la Torah. Le rav Zilberman était un véritable tsadik qui n’a jamais pris le moindre shekel pour son action. Il avait 18 enfants(9 garçons et 9 filles) et il vivait dans une maison précaire à Shaaré Hessed, un quartier de Jérusalem. C’est à lui que je dois mon retour . Et vous savez comment il m’a persuadé? Il m’a dit: si je te prouve que D. existe, tu l’accepteras? Moi, j’étais alors convaincu que c’était impossible. Je me croyais malin et je lui ai dit: et si je te prouve qu’Il n’existe pas, viendras tu avec moi sur les plages de TelAviv. Il m’a répondu: sur le champ! Bien entendu c’est lui qui a emporté cette confrontation. -A l’époque la Hazara Bitchouva n’était pas vraiment à la mode? Evidemment. Dans l’état d’Israël des années 70, ce n’était pas courant. Dans la population, lorsque l’on m’a vu pour la première fois avec une kippa et des tsitit, on a dit: »Tiens Ouri Zohar a une lubie passagère. Tout le monde pensait que je reviendrais très vite à ma vie précédente. Mais il faut bien comprendre que l’époque était très différente. Aujourd’hui, un récent sondage a révélé que 80% des Israéliens se définissent comme croyants. Il y a une réelle aspiration à découvrir la Parole Divine. Il faut voir la main de D. dans ce processus . Il n’y a aucune explication rationnelle à ce mouvement de retour vers D. auquel nous assistons de nos jours. Ce n’est pas moi qui le dit , c’est le rav Haïm Kanievsky chlita. Je rencontre des milliers d’Israéliens et je remarque qu’au plus profond d’eux-mêmes, ils aspirent à un tel changement. A mon époque, cela venait plus de l’intellect mais de nos jours, cela vient plus du Reguesh de l’Emotion . Il y a un tel vide et tant de problèmes, par exemple, dans le domaine de l’Education que ces Israéliens veulent le remplir et sont à la quête du Vrai. Vous savez, il y a un Sod un secret dont le Ari Hakadosh parle au nom de rabbi Haïm Vital: la Gémara nous relate que la gazelle lorsqu’elle est enceinte n’a pas la possibilité d’accoucher seule. Hashem envoie donc un serpent qui la pique à l’endroit de l’accouchement et cela entraine la naissance. Dans la Torah à propos de Pessah, il est écrit: Pharaon a « sacrifié », « Ikriv ». L’on aurait du dire: « Parho Karav »(a rapproché). Pourquoi utilisé le « factitif? Parce que ce n’est pas Pharaon qui a fait cette démarche mais bien Hashem. A notre époque, c’est la même chose: c’est D. qui actionne Ses leviers. Récemment j’ai donné un cours pour les responsables de l’hôpital Tel Hachomer à Tel Aviv. Ce que l’on appelle les Elites laïques. J’ai pu voir avec quel respect ils m’ont accueilli, avec quelle attention ils m’ont écouté. Il y a 40 ans, cela aurait été impossible! Aujourd’hui, il n’y a pas de foyer en Israel sans Hozrim Bitechouva ». C’est la réalité de notre génération. Et puisque je sais que, parmi vos lecteurs, il y a de nombreux Séfarades je dois souligner que le monde sépharade est beaucoup plus ouvert à ce retour vers Hachem que le monde ashkénaze. Ce sont des croyants fils de croyants. Dans le monde ashkénaze, les « klipot » sont plus fermes que dans le monde sépharade. Je cite David Vali, un disciple du Ram »hal, Rabbi Moché Haim Luzzato qui disait que les Ashkénazim sont les porteurs de « Midat Hadin »(rigueur) tandis que les Spharadim eux sont porteurs de la mida de Hessed de bonté . – Parlons un peu rav Ouri Zohar, de l’alya de France qui est arrivée,ces dernières années en Israël. Il y a de nombreuses familles qui sont destabilisées par les changements provoqués par la alyah en particulier dans le domaine de l’Education des enfants mais aussi sur le plan professionnel. Que suggérez-vous pour rapprocher ces enfants? -Il n’y a pas de recette miracle: seulement un message, celui de l’amour envers son prochain. Il faut aller au devant des jeunes et leur parler. Il ne faut surtout pas les rejeter. Il faut les rapprocher de nous, de notre table. Il est écrit dans le Zohar qu’il y a trois Machia’h: le Machiah Ben Yossef se bat contre les ennemis, le Machia’h Ben David est celui de la Torah. L’autre Machia’h, Shilo c’est Moché Rabbenou (Shilo a la meme guémataria que Moché). Et l’on dit que Si Moché avait parlé au Rocher au lieu de le frapper il aurait résolu la faute d’Adam, du premier homme. Il faut parler, avec amour à ceux qui s’éloignent de la voie de la Torah. Il ne faut pas lutter contre eux. Cela n’aura qu’un effet contraire à celui escompté. J’ai, parmi mes enfants, un fils qui s’est éloigné de cette voie. Il allait chaque soir dans des discothèques de Jérusalem et ne respectait pas les mitzvot. Jusqu’à ce qu’il ait 27 ans. Je ne l’ai jamais rejeté: lorsqu’il rentrait à 3 heures du matin je lui préparais un thé et un gâteau. Et aujourd’hui, cest un Ben Torah qui est marié qui a 4 enfants et qui prie avec une kavana une intensité que je ne peux égaler! Alors c’est vrai: ceux des Juifs de France qui préparent leur alya doivent savoir qu’il y a ici certaines tentations dont ils sont protégés dans un environnement juif en France. Les Juifs de France viennent en Israel avec une solide tradition juive de respect des mitzvot. Ils doivent savoir qu’en Israël il y a certes un monde de Torah et de hazara Bitchouva mais aussi des obstacles nouveaux qu’ils ne connaissaient pas et qui peuvent les prendre de cours. Là ou l’on trouve la plus grande kedousha on peut aussi trouver la plus grande des épreuves et le plus grand des obstacles. Vous savez: Rabbi Nahman de Breslev, est venu de la plus grande solitude . Il a traversé bien des épreuves et finalement il est devenu celui dont la voie est suivie par des dizaines de milliers de personnes qui se sont identifiés à son parcours. Alors il y a des obstacles mais on peut les surmonter. -Rav Ouri Zohar, est-ce que cette approche bienveillante que vous exprimez est directement liée au fait que vous aussi vous avez fait tchouva et vous avez-vous-même rencontré un personnage comme le rav Zilberman? -Je vous remercie pour cette question. Je dois préciser qu’avant de revenir à la voie de la Torah à l’âge de 40 ans, je donnais l’image d’un amuseur qui passait ses journées sur le bord de mer. Mais en fait j’avais étudié à l’université la philosophie et la littérature . J’étais un spécialiste de Shakespeare, Dostoïevski, Thomas Man. En dehors de cela, j’étais un créateur, auteur, metteur en scène. Je vivais dans un monde de créativité. Lorsque j’ai commencé à faire Tchouva, j’ai posé une question au rav Zilberman: dans le respect des mitzvot, y a-t-il un minimum à respecter? Je lui ai dit : je sais que la Torah c’est le Emet. Je veux revenir à la Torah mais je n’ai pas besoin d’être au premières loges du Gan Eden. Même une place dans la dernière rangée me conviendra! Le rav, qui était très sage a réfléchi. Et dans sa sagesse , il m’a proposé un véritable service minimum de prières: 9 minutes pour Cha’harit, 5 mn pour min’ha et 9 minutes pour Arvit. Manger casher, j’étais prêt tout comme faire des bra’hot avant de manger. J’ai dit: quoi, c’est tout!? Ca m’a paru accessible. Et Chabbat? J’ai dit au rav que j’étais obligé de voir la télévision le chabbat pour continuer à préparer mes films. Il m’a dit : D’accord, mais allume-la avant l’entrée du chabbat et eteint là après la sortie du chabbat…. -Votre rav était vraiment très sage…-Je sais : et je vais même vous dire plus: nous devions aller, chaque vendredi soir, chez les parents de ma femme pour manger un repas de chabbat avec les enfants. Nous devions aller de Yaffo à Tel Aviv . C’était très loin. Je lui ai demandé si l’on pouvait prendre un vélo au lieu de la voiture. Il me l’a permis. S’il m’avait dit non, je ne serais pas revenu vers le monde de la Torah…. C’était sa sagesse. -Mais existe-t-il aujourd’hui des rabbanim tels que le rav Zilberman qui vont ainsi au devant de ceux qui veulent rejoindre le monde de la Torah et savent les attirer? -Je vous rassure. Cela existe . Aujourd’hui, de nombreux rabbanim comprennent cela et savent trouver les mots justes pour ramener des enfants qui se sont égarés. Mais permettez-moi de revenir à mon processus de Hazara Bitchouva. Nous habitions une grande maison à Yaffo avec vue sur la mer. J’ai d’abord trouvé un minyan ashkénaze. Mais je ne comprenais rien. Impossible de suivre correctement la prière. J’ai donc cherché un office sépharade et je suis tombé sur un office marocain. D’abord, ils étaient très accueillants. En plus le Bet Knesset était agréable: des tapis, de jolis fauteuilset très propre. Ensuite, la tefila était bien chantée ! Et enfin après la prière, ils offraient un délicieux thé avec du Nahah, et surtout ils lisaient le ‘Hok leIsrael. Et cela m’a ouvert les Portes du Ciel. En 20 minutes j’ai pu goûté à toute la Torah. C’est
comme cela que moi le Juif polonais, je suis devenu marocain d’adoption! Et c’est comme cela que j’ai commencé vraiment à étudier la Torah. Je suis devenu un autre homme. Je me suis senti renaitre. Il y un verset qui dit: « Mon fils aujourd’hui je t’ai fait naitre ».C’est ce que j’ai ressenti. Un lien indéfectible avec le monde de la Vérité. La Torah est une torah de Vie, elle nous guide dans nos vies: cela n’a rien a voir avec les idées philosophiques les plus célèbres. Ce n’est pas de la théorie. C’est la vie, la pratique. Et c’est l’Amour. L’Amour le plus profond au monde..C’est ce que j’ai découvert. Et vous savez, à l’époque, je passais mes journées à voir des films. Je voyais tous les films: première séance, seconde séance, sans arrêt. Aujourd’hui, cela ne m’intéresse plus du tout!. -Je comprends. Mais pourquoi ne pas utiliser votre talent de metteur en scènepour aider d’autres Juifs à retrouver la voie de la Torah? -Pour faire un film , il faut plusieurs mois. Or en étudiant, en donnant des cours devant ce public avide de Torah, j’ai plus d’impact qu’en faisant des films. -Tout à l’heure, vous nous avez dit que vous ne vouliez pas être aux premiers rangs du Gan Eden. Mais aujourd’hui alors que vous avez déjà plus de 80 ans, vous avez déménagé . Vous avez quitté l’appartement plus spacieux où vous viviez pour vous installer dans ce minuscule deux pièces dans lequel vous nous recevez. Est-ce que 40ans après votre Techouva, vous n’êtes pas finalement en quête des premières loges du Gan Eden? -Cher ami, c’est beaucoup plus simple et moins spirituel que vous ne le pensez. Au début nous habitions dans ce petit appartement; Ensuite nous avons habité dans un appartement plus spacieux mais avec certains des nos enfants, avec les parents de ma femme et mes parents . Nous avons même accueilli, là-bas une personne qui avait arraché se fils à son ex-mari. Mes parents et mes beaux-parents sont décédés et cette femme qui dormait chez nous a été emprisonnée. Et donc nous nous sommes retrouvés dans un trop grand appartement et nous sommes revenus au petit appartement. Il n’y a pas là de course au Gan Eden -Je voudrais vous poser une question qui m’interpelle depuis de nombreuses années. Le célèbre chanteur Arik Einstein zal était votre compagnon le plus proche votre ami intime lorsque vous faisiez les « 400 coups » dans le Tel Aviv des années 70. Vous avez fait Techouva. Son épouse, influencée par votre démarche a fait techouva et l’a quitté. Et par la suite deux de vos fils se sont mariés à deux filles ‘harédit d’Arik Einstein. Comment avez-vous réussi à faire faire Techouva à des milliers d’Israéliens et vous n’y êtes pas arrivé avec votre meilleur ami? -C’était impossible: Arik savait la Vérité. C’était tres clair. Pas de moi mais de ses petites filles harediot qui venaient le voir et qui sont donc mes petites filles aussi . Nous nous parlions chaque semaine jusqu’à sa mort. Il savait la Vérité mais il n’avait pas la force de franchir le pas. La Hazara Bitechouva, c’est comme une Sortie d’Egypte. Tous les Hébreux ne sont pas sortis d’Egypte . 4/5eme sont restés. Car ils n’avaient pas la force. -Vous pouvez nous donner un conseil à ceux qui cherchent la force de faire cette démarche ? -Il n’y a pas de conseil. Un seul mot: Ahava, Love, L’Amour de l’autre. Et puis il y a une chose qu’il faut faire et je le fais souvent avec les militants de Lev Leha’him. Lorsque je vois un jeune qui veut franchir le pas, je lui dit: « remonte tes manches et je
lui mets les téphilin. Il n’y a rien de plus marquant qu’un acte concret de émouna vers Hachem. -Décidemment, vous parliez de Breslev et maintenant vous suivez la voie de Habad? Comment êtes-vous sorti « litvak »? -(Rires)Vous vous trompez: je suis un ‘Hiloni qui respecte les Mitzvot! Il vaut mieux être un ‘hiloni qui respecte les mitzvot qu’un ‘harédi qui ne les respecte pas! -Rav Ouri Zohar, quel est l’enseignement que vous souhaitez transmettre aux Juifs de France et aux francophones d’Israël qui vous vous lire à l’occasion de Pessah? -Je voudrais vous livrer un enseignement du Ramhal, Rabbi Moché Haïm Luzzato: cette nuit est la plus grande nuit du peuple juif . On parle de Seder mais tout n’est pas ordonné dans ce Seder .On se lave les mains deux fois on pose des questions. Alors il faut savoir profiter au maximum de ces quelques heures entre la tombée de la nuit et Hatzot. Il faut demander une chose au Tout Puissant: donne-moi la force de franchir le pas, de sortir d’Egypte , de quitter le monde de futilié pour arriver vers la Terre promise, vers la Terre de la Torah. Cela ne vient pas seul: il faut prendre la décision de faire de l’ordre dans ma vie: je veux être un Juif qui se comporte comme un Juif. Et c’est durant cette nuit de Pessah que nous devons prendre ces décisions. A Pessah, nous nous renouvelons, nous devons être humble comme cette matza si plate. Ce soir-là, nous disposons des forces nécessaires pour le faire. Ce soir-là autour de la table du seder nous nous élevons au-dessus des limites de la Nature . Nous sortons de l’Etroitesse d’Egypte pour entamer une nouvelle. Nous prenons conscience de la force de notre émouna pour Hashem et pour Moché son serviteur. C’est une nuit à ne pas manquer. Si nous savons passer cette nuit comme il le faut, nous verrons la Guéoula, durant ce mois de Nissan. Hag Casher Vesssaméa’h. -Merci et Hag Saméa’h à vous aussi.

Propos recueillis par Daniel Haïk

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