Après avoir renvoyé voilà quelques jours l’ex-secrétaire d’Etat américain, Rex Tillerson, avec lequel il était en désaccord depuis un an, par un glacial Twitter de remerciement, Trump a nommé à sa place Mike Pompéo, un ex-congressiste républicain jusque-là directeur de la CIA. Après la reconnaissance par la Maison Blanche de Jérusalem comme capitale d’Israël puis l’annonce du transfert de l’ambassade US. – une double démarche avec laquelle le secrétaire d’Etat sortant était en désaccord -, la tension avait monté entre les deux hommes. Alors qu’un récent sondage a montré que 75 % des Américains voient Israël de manière favorable, Trump a donc voulu donner – à l’opposé des positions souvent mitigées du Département d’Etat sur Israël, le Quai d’Orsay américain – plus de cohérence à sa politique moyen-orientale en nommant Pompéo. Un éminent analyste à Washington, Tom Gross, a ainsi déclaré que Pompéo serait « le premier secrétaire d’État américain pro-israélien depuis des décennies ».Il faut dire que Pompéo partage les vues très critiques de Trump et de Nétanyaou sur l’accord nucléaire signé en juillet 2015 à Vienne avec l’Iran, tous trois estimant que ce pacte a été une catastrophe et qu’il faudrait soit le transformer soit le rejeter totalement : « Avec cet accord désastreux, avait déclaré Pompéo au Sénat en janvier 2017, l’Iran, le premier pays au monde sponsorisant le terrorisme, est devenu un acteur encore plus dangereux et déstabilisateur au Moyen-Orient ». Avant que cet accord ne soit conclu, il s’était même dit persuadé que des frappes militaires sur l’Iran seraient « plus efficaces que la diplomatie pour stopper la marche de Téhéran vers le nucléaire ». Autre nomination allant dans le même sens et accueillie avec grande satisfaction à Jérusalem : celle de l’ex-ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, John Bolton, comme « conseiller national à la sécurité » en remplacement du général H.R. McMaster. Ayant occupé des postes importants dans les trois dernières administrations républicaines, Bolton n’a jamais caché ses positions dures contre l’Iran et la Corée du Nord, de même – en de nombreuses occasions – que sa forte sympathie pourIsraël et son dédain pour la « solution à deux Etats ». On se souvient aussi qu’après que le président Obama a aidé, juste avant de quitter la Maison Blanche, le Conseil de Sécurité de l’ONU à faire passer fin décembre 2016 une résolution qualifiant d’« illégales » toutes les constructions dans les localités juives de Judée-Samarie et à l’est de Jérusalem, Bolton avait dénoncé cette démarche en la traitant de « coup de poignard en pleine face contre Israël » et de « tentative d’infléchir le processus de paix en faveur des Palestiniens ».
Dans un article paru en mai 2015 dans le New York Times, Bolton avait prévenu que si Israël voulait attaquer les installations nucléaires de l’Iran pour stopper son dangereux programme atomique « le temps était compté, même si une telle attaque peut encore réussir ». A ce propos, Chaoul Mofaz, l’ex-chef d’état-major de Tsahal devenu ministre de la Défense en 2006, a révélé au quotidien Yédiot A’haronotque Bolton – qui était alors délégué US. à l’ONU – avait voulu le convaincre que des frappes aériennes d’Israël contre l’Iran seraient « une bonne chose (…) associée à des démarches en vue d’un changement de régime dans la République islamique ». Pour nombre d’experts, cette nomination de Pompéo et de Bolton constituerait le prélude à la prochaine dénonciation par Trump de l’accord de Vienne et du retrait américain de ce pacte.
Richard Darmon