L’affaire fait grand bruit en Israël : un Français chauffeur volontaire au Consulat faisait passer des armes de Gaza vers la Judée-Samarie au profit du Hamas. Les Israéliens considèrent ce développement avec une extrême gravité. Explications.
C’est un véritable scandale mais pas à proprement parler une surprise : l’arrestation, le 17 février dernier, par les services du Shin Bet israélien de Romain Franck, ce volontaire, chauffeur du Consulat Général de France à Jérusalem soupçonné d’avoir organisé un vaste trafic d’armes entre la Bande de Gaza et les territoires palestiniens de Judée-Samarie, ne manquera pas de rajouter de l’eau au moulin de ces nombreux franco-israéliens qui sont persuadés que le splendide bâtiment de la rue Paul Emile Botta n’abrite rien d’autre qu’une « ambassade » officieuse des Palestiniens au cœur de la capitale de l’Etat hébreu. Bien évidemment, il n’est pas question ici d’incriminer l’ensemble des diplomates ou des fonctionnaires du Consulat Général après les stupéfiantes révélations faites, ce lundi, par le Shin Bet sur l’activité subversive de ce bénévole français. Mais dans la communauté francophone, on affirme que « qui sème le vent récolte la tempête » et que ce comportement extrême d’un des fonctionnaires du Consulat Général n’est pas étranger à l’atmosphère souvent hostile à Israël qui règne dans cette représentation française. Interrogé par I24news, le vice-président du Conseil Consulaire de Jérusalem, Me Gérard Benichou a été très clair : « Le Consul général de France qui est n’est pas anti-israélien ou antisémite m’a clairement dit que sa mission première, c’est d’être l’ambassadeur de France dans les territoires palestiniens. Quant au personnel diplomatique de l’ambassade, il se focalise sur l’aide aux Palestiniens. D’ailleurs le site du Consulat est en français et en arabe mais pas en hébreu alors qu’il y a des milliers de ressortissants franco-israéliens dans la capitale ». Même le député des Français d’Israël (et de la 8e circonscription) Meyer Habib a réagi très fermement (voir notre encadré) en rappelant des précédents cas semblables .Côté israélien, on considère cette affaire avec une extrême gravité. Preuve en est : la garde à vue de Romain Franck a été prolongée, lundi, sur décision du tribunal de Beersheva et l’enquête est, depuis son origine, coordonnée avec le ministère israélien des Affaires Etrangères. Les Autorités françaises, elles, ont été tenues au courant des développements intervenus. Il va sans dire que Romain Franck risque une lourde peine de détention en Israël. Selon les services du Shin Bet, on lui reproche d’avoir fait sortir de la Bande de Gaza, 2 fusils d’assaut et quelque 70 revolvers à bord d’un véhicule du Corps diplomatique français. Ces armes de qualité étaient destinées au Hamas en Judée et Samarie. Il s’avère que l’homme qui lui a remis cet arsenal à Gaza serait lui-même un fonctionnaire du Centre Culturel Français de la ville palestinienne ! Romain Franck a bénéficié pour ce vaste trafic du soutien logistique et autre d’une dizaine de Palestiniens des Territoires, qui ont été eux aussi interpelés par les forces de sécurité israéliennes. L’un de ces Palestiniens récupérait les armes et les revendaient au Hamas ou à d’autres organisations terroristes. Et ceux qui pensaient que le suspect agissait uniquement par conviction idéologique risquent d’être déçus : en effet il aurait reçu pour sa « mission » de contrebande une somme d’argent conséquente. Il convient de préciser que Romain Franck est arrivé en Israël en janvier 2017. Pour sa défense, il a certes reconnu les faits mais il a affirmé qu’il ne savait pas qu’il était en contact avec le Hamas. Cette affaire grave intervient à quelques jours de la visite du chef de la diplomatie française Jean-Yves le Drian, les 25 et 26 mars, en Israël et dans les Territoires. On considère côté israélien que ce développement plus qu’embarrassant risque d’avoir un impact sur cette visite et contrarier certaines des démarches que le ministre aurait souhaité entamer en direction d’Israël dans une tentative de relancer le processus de paix.
Daniel Haïk