Un préadolescent portant la kippa a été frappé par un groupe de sauvageons à sa sortie de la synagogue de Montmagny (Val-d’Oise), à l’issue du jeûne d’Esther. D’autres provocations ont alerté les responsables communautaires en cette période de fête.
La police du Val-d’Oise a interpellé presque immédiatement les auteurs d’une agression antisémite commise dans la soirée du 28 février, à l’issue du jeûne d’Esther, dans le parc municipal de Montmagny. Cet espace vert est réputé pour abriter des dealers de drogue. Tout a commencé vers 19 heures quand trois enfants d’une même fratrie se sont rendus à la synagogue toute proche à l’occasion d’érev Pourim. Ils ont lancé des pétards dans le parc pour célébrer la fête mais des jeunes d’origine maghrébine les ont insultés en ces termes : « Sales Juifs, arrêtez de jeter vos pétards ! » Quand les frères sont ressortis de la choule à 20h10, l’un d’eux, Nathan, s’est fait encercler par le groupe rejoint par d’autres sauvageons : ils étaient une quinzaine au total, armés notamment d’une branche d’arbre. Certains ont porté des coups de pieds, de poings et ont brisé les lunettes du préadolescent de quatorze ans, légèrement blessé et couvert d’ecchymoses après l’assaut. Sa kippa a été arrachée. La Brigade anticriminalité (BAC) locale a arrêté peu après, vers 22h30, les quatre principaux malfrats, tous mineurs, correspondant au signalement donné par la victime. Placés en garde à vue pour « violences en réunion », ils ont été déférés par la suite et mis en examen avant d’être laissés en liberté surveillée. Il semblait peu probable le dimanche suivant qu’ils soient très sérieusement sanctionnés du fait de leurs âges respectifs (de quatorze à quinze ans) et de l’absence d’antécédents judiciaires pouvant leur être reprochés. A ce stade, le caractère antisémite du lynchage – pourtant évident – n’a pas été retenu par la juge pour enfants, malgré la demande en ce sens formulée par le parquet. Par ailleurs, le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) a vivement protesté après la découverte, le 19 février, de graffitis antijuifs dans la classe d’une professeure de l’école niçoise du Château, qui accueille des élèves handicapés. Hélène B., dont l’appartenance à notre communauté est connue dans l’établissement, a notamment trouvé une croix gammée maculée sur la porte d’entrée. Et son bureau a été vandalisé. L’enquête n’a pas abouti à l’heure où nous écrivons ces lignes mais le système de vidéosurveillance interne aurait enregistré les silhouettes de deux suspects. Le BNVCA a décidé d’assister la victime sur le plan judiciaire. Il a dénoncé en outre la lettre anonyme et menaçante reçue le 1er mars par une femme-médecin, Catherine C., généraliste de Montrouge. Injures antisémites, incitation à quitter la France « pour Tel-Aviv » et promesse de violences à venir sur sa personne : un courrier glaçant. Elle a porté plainte au commissariat de la ville. L’association juive a demandé à la préfecture des Hauts-de-Seine de protéger le logement et le cabinet de l’intéressée. Enfin, des attaques réitérées ont été signalées à l’encontre de Nicholson Alcendor, pasteur évangéliste à Corbeil-Essonnes. Cet homme d’origine antillaise et son épouse sont harcelés, insultés et menacés de mort au téléphone comme sur les réseaux sociaux pour manifester régulièrement leur amour à l’égard d’Israël et du peuple juif. Des individus au profil inquiétant stationnent sous leurs fenêtres et les enfants du couple sont injuriés au motif que leur père défendrait « l’assassinat des petits Palestiniens ». Le BNVCA s’est constitué partie civile aux côtés du pasteur, espérant l’interpellation rapide des fauteurs de troubles. L’association a rappelé dans un communiqué que la haine d’Israël était entretenue par des élus « abusant de leurs mandats » et des partis politiques engagés dans un combat propalestinien « sans discernement, source d’antisémitisme ».
AXEL GANTZ