Le Forum économique de Davos où se sont rendus de nombreux présidents et Premiers ministres a permis à Israël de constater non seulement sa forte cote de popularité dans les secteurs technologiques. Mais il a également révélé que grâce à ce succès, Israël parvenait aussi à mieux faire entendre sa voix dans les dossiers brûlants comme le conflit avec les Palestiniens ou encore la menace iranienne. Analyse d’un phénomène important.
Très peu de chefs d’état ont le privilège de s’entretenir, le jeudi, avec le président américain Donald Trump, et le lundi suivant avec le président russe Vladimir Poutine. Or il s’avère que Binyamin Nétanyaou, – ce Premier ministre de l’Etat d’Israël, perpétuellement décrié par certains médias et par une frange solide de la gauche israélienne-, est l’un d’eux ! En effet jeudi dernier, Mr Nétanyaou était à Davos pour une 4e rencontre en un an avec Trump et lundi il était à Moscou pour un 6e entretien avec Poutine. (voir notre analyse dans cette édition). Ce simple fait suffit à résumer la place qu’occupe Mr Nétanyaou parmi les grands leaders politiques de notre époque, et celle qu’occupe l’Etat d’Israël aujourd’hui dans le concert des Nations. Ceux qui, comme Tsipi Livni ou Ehoud Barak, accusaient il y a peu, le Premier ministre d’isoler, par sa politique, l’Etat hébreu du reste de la communauté internationale doivent ravaler leur chapeau. Ne leur en déplaise : l’Etat d’Israël est plus courtisé que jamais et Binyamin Nétanyaou en excellent communicant est sollicité comme quasiment aucun chef d’Etat ne l’est dans de tels rendez-vous internationaux. On l’avait déjà remarqué, intensément il y a deux ans lors de la COP 21 à Paris qui avait servi de cadre au début de la lune de miel entre le Premier ministre indien Narendra Modi et son homologue israélien et on a pu s’en rendre compte avec plus d’intensité au cours de ce dernier Forum de Davos.
Outre Donald Trump, et outre le même Modi qu’il avait rencontré la semaine précédente à New Delhi, Mr Nétanyaou s’est entretenu, dans le splendide cadre de la station suisse, avec Angela Merkel, Emmanuel Macron, le président ukrainien Porochenko, et le président du Rwanda Paul Kagamé. Sans parler de ses rencontres avec des patrons de multinationales qui ne tarissent pas d’éloges pour les technologies israéliennes. C’est un fait : les grandes et les moins grandes nations représentées à Davos aspirent, d’année en année, à de plus en plus de proximité avec la Start up Nation israélienne. Cela peut paraître incroyable mais c’est vrai : Israël est devenu ces dernières années, une superpuissance dans plusieurs domaines de pointe qui passionnent le monde entier, comme la lutte contre le terrorisme mais également le développement de produits technologiques ultra sophistiqués dans des domaines comme l’agriculture, la médecine, ou le traitement de l’eau. Mais le forum de Davos de cette année a également permis aux Israéliens de mieux mesurer le lien étroit existant entre l’économie et le politique, entre l’expertise d’Israël en technologies de pointe et le processus de paix. Il a permis aux Israéliens de constater que la crédibilité acquise à coup d’exit prestigieux dans le monde des Start up suscitait l’attention de ces nations lorsque les dirigeants israéliens détaillaient leur position dans des dossiers tels que les pourparlers israélo-palestiniens ou encore la menace iranienne .Au contact de tant de chefs d’Etat, Binyamin Nétanyaou a pu remarquer que le simple fait qu’ils soient séduits par la technologie et par l’économie israélienne, les conduisait également à se montrer soudain bien plus attentifs à l’argumentaire sécuritaire d’Israël tant face aux Palestiniens qu’aux Iraniens. Et c’est probablement là l’un des acquis les plus tangibles et les plus importants d’Israël. Il serait en effet totalement incohérent d’écouter l’avis pertinent d’une nation lorsqu’elle parle de son succès économique et ensuite, systématiquement repousser les explications de cette même nation lorsqu’elle tente d’expliquer la complexité du dossier palestinien. Il serait totalement illogique pour ces nations de vouloir écouter Israël uniquement lorsqu’il parle de technique de désalinisation et cesser ensuite de l’écouter lorsqu’il exprime son « expertise » face à la menace du nucléaire iranien ou de l’expansionnisme de Téhéran en Syrie.
Cette entrée incontestable d’Israël dans la cour des grandes nations économiques, conduit donc irrémédiablement ces nations à écouter et prendre en compte l’actuel positionnement israélien. Alors que ces nations ont jusqu’à présent toujours eu, pour la cause palestinienne, une sympathie humaine et émotionnelle, voici qu’elles ont désormais pour Israël le comportement de la raison, de l’entendement. Alors bien évidemment cela ne signifie pas (encore) que ces nations vont adhérer en tous points aux positions d’Israël. Mais cela peut signifier qu’une fois débarrassées de nombreux préjugés, elles les comprennent nettement mieux. Et c’est là un formidable acquis qui devrait améliorer l’image de marque d’Israël non plus seulement dans le domaine économique mais surtout dans les secteurs sécuritaire, politique et diplomatique. Grace à son succès économique, Israël va pouvoir mieux faire passer son message. Il va pouvoir pousser ainsi peu à peu ces nations vers l’argumentaire historique israélien et peut être l’éloigner, progressivement d’un narratif palestinien qui, comme l’a prouvé Abbas dans son discours incendiaire devant les instances de l’OLP, devient de plus en plus déphasé, décalé, et biaisé.
Daniel Haïk