Les hommages aux victimes des attentats de janvier 2015, notamment de Vincennes, ont coïncidé avec un incendie et des graffitis néo-nazis dont deux magasins casher de la préfecture du Val-de-Marne ont été la cible.
Cinq croix gammées géantes de plus de deux mètres de haut, peintes en rouge sur les volets métalliques baissés aux heures de fermeture, ont été découvertes par les gérants de deux magasins d’alimentation casher dans la matinée du 3 janvier. Ils sont situés à proximité l’un de l’autre dans le centre commercial Kennedy de Créteil (Val-de-Marne), au cœur du quartier de Mont-Mesly. La première enseigne se nomme Promo et Destock, la seconde… Hypercacher.
La provocation antisémite a d’autant plus choqué la communauté juive de la ville qu’elle est survenue à quelques jours du troisième anniversaire de la tuerie de la porte de Vincennes, perpétrée dans une autre succursale de l’Hypercacher. « Je suis ici depuis 2009 et cela ne s’était jamais produit », a déclaré le patron de Promo et Destock devant la presse, confessant un « sentiment de désolation ». Il faut souligner que ce gérant n’est pas juif mais musulman.
La police a réalisé plusieurs relevés techniques sur place mais l’enquête s’annonce difficile.
Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a exprimé sa « profonde indignation ».
Le Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA) a estimé que le ou les coupables apportaient a posteriori leur « soutien » aux crimes commis par Amedy Coulibaly. L’association a remarqué en outre que la haine antijuive demeurait « bien ancrée dans les mentalités » de certains, qui « restent fascinés par les terroristes les plus cruels ».
Quelques jours plus tard, à l’aube du 9 janvier, le même magasin Promo et Destock a été carrément incendié, avec de gros dégâts. Le BNVCA a aussitôt demandé que le centre Kennedy soit enfin équipé du système de vidéosurveillance qui lui fait défaut. Il a aussi affirmé que les malfrats avaient sans doute voulu « punir » un musulman de proposer des produits casher.
Dans la soirée du 9, un hommage a été rendu aux quatre victimes juives de 2015. Une soirée de rassemblement face au supermarché endeuillé il y a trois ans. Comme en 2017, aucun discours n’était prévu mais le public était attendu en nombre, en compagnie de personnalités politiques et communautaires.
On a allumé des bougies en mémoire des disparus : Philippe Braham zal, Yohan Cohen zal, Yoav Hattab zal et François-Michel Saada zal. Entre-temps, des prières ont été prononcées à leur intention dans les synagogues du pays, à l’appel du Consistoire, le Chabbat des 5 et 6 janvier.
Quant à Emmanuel Macron, il s’est déplacé dans la matinée du 7 sur les lieux des trois attaques pour honorer le souvenir des victimes : devant les anciens locaux de Charlie Hebdo, à Montrouge où une policière a été assassinée et devant l’Hypercacher. Le chef de l’Etat était accompagné de son épouse, Brigitte Macron, de quatre membres du gouvernement, Gérard Collomb, Nicole Belloubet (Justice), Françoise Nyssen (Culture) et Benjamin Griveaux (porte-parole), ainsi que de la maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo. Les principaux responsables communautaires étaient présents à ses côtés porte de Vincennes. Ici encore, le silence était de rigueur.
Axel Gantz