Voilà des années que Gil Perez accueille et guide, aux quatre coins d’Israël, des délégations d’hommes politiques et de personnalités étrangères dans des sites originaux en leur prodiguant des explications historiques et géopolitiques très renseignées qui, chaque fois, les comblent. Nous lui avons posé trois questions sur ce récent Success-story du tourisme israélien.
– Haguesher : Quel est, selon vous, le facteur déterminant qui a permis d’arriver au chiffre-record de 3,6 millions de touristes en 2017 ?
– Gil Perez : Il existe un principe essentiel qui a beaucoup joué en notre faveur lors de cette dernière année : moins on parle d’Israël dans les médias internationaux, et mieux c’est pour le tourisme local !
Ainsi, le fait que l’actualité du Moyen-Orient était plutôt orientée sur les événements de Syrie, du Liban ou d’Iran, a joué en notre faveur. D’ailleurs, à l’inverse, il serait intéressant de pouvoir mesurer en quoi la récente et fameuse « déclaration Trump » sur Jérusalem a dû certainement dissuader certains touristes de venir en Israël…
– Mais n’y a-t-il pas d’autres facteurs plus techniques qui expliqueraient ces excellents résultats du tourisme israélien ?
– J’en vois au moins deux : d’abord et surtout, le fait que le monopole de la compagnie aérienne El Al a enfin été cassé, avec l’autorisation fort salutaire – parfois assortie de subventions – donnée par les autorités nationales aux compagnies étrangères low-cost de desservir en Israël, ce qui a rendu le coût des séjours ici bien moins onéreux.
D’autre part, notre pays est devenu la destination de nombreux visiteurs comme les touristes de religion orthodoxe (Russes et Ukrainiens), ainsi que des Turcs musulmans. Tout ce public, même s’il ne rapporte pas beaucoup d’argent en termes budgétaires globaux, n’en accroît pas moins, de manière très sensible, les statistiques de fréquentation du pays. En effet, ces gens ne restent ici au maximum qu’une seule nuitée, en venant souvent du Sinaï égyptien ou de la Jordanie pour visiter certains sites spécifiques comme Jérusalem, Nazareth, Tibériade, Bethléem ou la Vallée du Jourdain.
– Vous dites souvent qu’Israël est un pays passionnant pour toutes sortes de visiteurs… mais son marketing touristique est-il, quant à lui, à la hauteur ?
– D’abord, il faut reconnaître que notre manière de « vendre » Israël comme destination touristique s’est améliorée ces dernières années, et ce, surtout grâce au fait que notre marketing s’est peu à peu détaché des retombées négatives du conflit israélo-palestinien.
Ainsi n’avions-nous, par le passé, avec Eilat qu’une seule et unique destination purement touristique à proposer, alors qu’aujourd’hui, les agents de voyages vendent avec succès des visites culturelles et historiques « Jérusalem/Tel-Aviv » de 48 heures minimum.
Autre avancée qui a fait qu’Israël s’est mieux vendu au plan touristique : au lieu de faire des campagnes « globales » pour attirer des touristes étrangers avec des slogans trop généraux, le ministère israélien du Tourisme et les agences de voyages ont su s’adresser à des segments spécifiques du public des visiteurs potentiels d’après différents critères, comme leur appartenance religieuse et/ou leur intérêt culturel.
Enfin, les séjours incluant la découverte sur le terrain de la « Startup nation » marchent très fort, car les visiteurs étrangers sont passionnés par les réalisations de l’Etat hébreu aux plans du high-tech, de l’agriculture et de l’exploitation ultra-avancée des ressources en eau ! Propos recueillis par Richard Darmon