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DOSSIER – Teva : Les raisons de la double colère

Burned tires at the entrance to the TEVA Pharmaceutical Industries building in Jerusalem, during a protest of Teva workers against the company plan to lay off hundreds of employees, December 17, 2017. Photo by Yonatan Sindel/Flash90 *** Local Caption *** מפעלי טבע תרופות רפואה מפעל עשן תעשייה טבע פיטורים הפגנה ירושלים

Jeudi dernier, le nouveau directeur général de Teva, le danois Karl Schultz, a annoncé le licenciement de quelque 1 700 employés israéliens de Teva, dans le cadre du grand plan de restructuration mis en place par le consortium pour se sortir de le crise aigue qu’il traverse actuellement. Cela représente environ un quart des employés israéliens de Teva, et cette décision s’inscrit dans le plan général qui prévoit le licenciement d’un quart de l’ensemble du personnel de Teva à travers le monde, soit 15 000 fonctionnaires sur les 60 000 qui travaillent pour le consortium. L’annonce de ces licenciements a provoqué deux vagues de colère : celle des employés limogés d’abord : il s’agit des employés des usines de Teva à Jérusalem, qui seront purement et simplement fermées. Parmi ces employés, des couples dont les deux conjoints travaillent ensemble à Teva et qui vont se retrouver au chômage. Depuis dimanche, ces employés se sont retranchés dans leur usine après avoir bloqué des routes et des carrefours à l’entrée de la capitale. Ils refusent bien évidemment la sanction de la direction et ont mobilisé la Histadrout, la Centrale Syndicale israélienne qui a provoqué, dimanche, une grève générale qui a paralysé le pays pendant quelques heures. Le gouvernement a décidé également de réagir, et même si les moyens de pression de Binyamin Nétanyaou et du ministre des Finances sont limitées puisque la compagnie est privée, ils doivent rencontrer cette semaine Karl Schultz et lui demander de ne pas oublier que Teva a été fondée en Israël, et par conséquent qu’il faut tout faire pour qu’Israël soit moins affecté que tout autre pays par la crise à Teva. Côté israélien, on a remarqué que Teva n’a pas décidé, comme on le pensait initialement, d’affecter ses usines dans la périphérie à Kiriat Shmona et dans le Néguev. Un geste à souligner.

La seconde colère, c’est celle de l’opinion publique, amplifiée par les médias et les journaux israéliens. Cette colère se focalise autour des salaires mirobolants des patrons de Teva et, en particulier, autour des primes perçues par Erez Vigodman après sa démission. L’opinion publique israélienne ne comprend pas que des patrons qui sont directement à l’origine de la crise, puissent continuer à recevoir des bonus substantiels, et des recours devant la Cour Suprême pourraient être déposés prochainement pour geler ces bonus, et les verser plutôt dans une caisse qui viendra en aide aux familles d’employés de Teva qui vont être limogés. La colère de l’opinion publique provient également du fait que, pendant des années, lorsque Teva était a son apogée, le consortium avait reçu de l’Etat de très conséquentes réductions d’impôts, estimées, au total, à plus de 20 milliards de shekels ! Ainsi, par exemple, l’usine de Teva dans le Néguev ne payait, jusqu’en 2013, que 5% d’impôts, l’objectif du gouvernement étant d’encourager ces entreprises et de leur permettre d’augmenter leur main d’œuvre. Depuis 2013, la loi a changé, mais beaucoup estiment que Teva a bien profité de ces avantages et qu’il serait injuste de ne pas les répercuter au moins en direction des employés, qui vont se retrouver en difficulté. Pour Jacques Bendelac, il est impossible de demander aujourd’hui à Teva de rembourser ces déductions d’impôts : « Cela fait partie des règles du jeu dans le monde capitaliste », a-t-il déclaré.

Daniel Haïk

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