Le Musée juif de Bruxelles avait été fermé après l’attaque meurtrière menée par Mehdi Nemmouche le 24 mai 2014, qui avait coûté la vie à quatre personnes, dont un couple de touristes israéliens. Pour sa réouverture, le 13 octobre dernier, la direction de l’établissement a choisi d’organiser une exposition sur l’immigration intitulée : « Belgique, terre d’accueil ». Photos, témoignages et souvenirs illustrent l’arrivée d’étrangers dans le plat pays depuis sa fondation, en 1830. Les vidéos sur les réfugiés de l’artiste-vedette Thomas Israël, né ici en 1975, sont particulièrement mises en valeur.
Pour la responsable de la manifestation, l’historienne Pascale Falek-Alhadeff, c’est une manière de rappeler au gouvernement que le projet maintes fois annoncé de création d’un musée dédié à l’immigration, n’a jamais été concrétisé. « C’est un pavé dans la mare, a-t-elle lancé devant la presse : il faut expliquer qui a forgé Bruxelles pour en faire ce qu’elle est aujourd’hui, et réfléchir à ce qu’elle devra être demain ». Il n’est pas certain que l’exposition, prévue jusqu’au 18 mars, satisfasse pleinement les visiteurs juifs, dans la mesure où la capitale belge est devenue la métropole comptant la plus forte proportion de musulmans (majoritairement marocains) en Europe, et la plaque tournante de réseaux islamistes. L’afflux d’étrangers n’est donc pas vraiment un « plus » pour le judaïsme local.
Quoi qu’il en soit, il faut désormais traverser un double sas et un portique pour entrer dans le bâtiment, ultra-surveillé. Des mesures drastiques mais rassurantes pour le personnel qui a vécu l’attentat. « C’est également douloureux, a admis Chouna Lomponda, porte-parole de l’institution depuis 2012. Car un musée est un lieu ouvert. L’attaque a prouvé qu’on devait le garder accessible mais sous haute sécurité ». Elle a précisé en outre que les premiers chiffres de fréquentation étaient encourageants, malgré cette longue parenthèse. « Il semble que le public nous reste fidèle », a-t-elle déclaré.