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2 Heshvan 5785‎ | 3 novembre 2024

Procès Merah : témoignage à charge contre la hiérarchie policière

Le drame d’Ozar Hatorah aurait-il pu être évité ? « Oui », répond à la barre l’ex-responsable du renseignement toulousain, qui aurait pu pister le terroriste sans la négligence des enquêteurs après l’attentat de Montauban.

 

Coup de théâtre au procès des complices de Mohamed Merah le lundi 16 octobre. Christian Balle-Andui, chargé du renseignement intérieur toulousain en 2012, a livré devant la cour d’assises spéciale de Paris un témoignage inédit. A la question : « La police aurait-elle pu arrêter le tueur au scooter avant le massacre d’Ozar Hatorah, le 19 mars ? », il a répondu qu’il avait privilégié la piste djihadiste dès le meurtre des deux militaires de Montauban, le 15, et souhaité visionner les films de vidéosurveillance. Mais il n’a pu y avoir accès. Sans ce couac, Christian Balle-Andui a indiqué qu’il aurait certainement reconnu quatre jours plus tard le même Mohamed Merah rôdant dans le quartier sur les images émanant du système de sécurité de l’établissement juif. « Ainsi, nous aurions bénéficié peut-être de 60 % de chances de l’identifier et de l’interpeller à temps », a-t-il avancé. Selon le fonctionnaire aujourd’hui retraité, l’erreur d’appréciation est venue « d’une direction extrêmement hiérarchisée qui nous tenait pieds et poings liés » et d’enquêteurs qui ont « négligé ma suspicion sur le caractère terroriste du double crime de Montauban ».

Plus encore : dès 2011, Christian Balle-Andui aurait sollicité la « judiciarisation » du cas Merah. Or, les éléments recueillis par les services de renseignement n’ont pas été transmis aux magistrats, seuls à même « de neutraliser les terroristes », pour reprendre l’expression du témoin. Il a également révélé l’existence d’une note écrite rédigée par ses hommes après l’attaque de Montauban. Douze ou treize noms de suspects y seraient mentionnés, dont celui de Mohamed Merah. Cela a fait bondir Olivier Morice, l’un des avocats des parties civiles, persuadé que l’Etat avait caché cette pièce essentielle du dossier. Patrick Klugman, conseil de la famille Sandler d’Ozar Hatorah, l’a rejoint ainsi dans son analyse : « Nous n’accepterons pas que les révélations faites ce matin restent sans suite. Je le dis au nom de ceux qui sont morts ! »

Entre-temps, le frère aîné de Mohamed Merah, Abdelghani, s’est exprimé pour la première fois à l’audience devant son autre frère, Abdelkader, jugé pour complicité. « Lui et Mohamed ne font plus partie des miens », a-t-il proclamé en évitant systématiquement le regard de l’accusé. Et d’ajouter : « Je tiens à redire mes convictions sur la dangerosité d’Abdelkader Merah pour la France, la République et nos enfants. Qu’il sorte ou demeure en prison, il restera un danger ».Le « mouton noir » du clan, « l’apostat » a décrit un père tyrannique, une mère absente et un climat de violence familiale. « Ma mère prétendait que les Arabes étaient nés pour détester les Juifs, a-t-il lâché. Nous avons été élevés avec le traumatisme post-colonial, la haine du Juif et de tout ce qui n’est pas musulman (…). Abdelkader, sillonnant les rues habillé comme un taliban, un Coran à la main et se faisant appeler « Ben Laden » après le 11 septembre, a façonné Mohamed pour en faire un terroriste. »

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