
Il voulait témoigner en images de l’horreur de la condition des internés à Drancy mais son recueil de dessins, paru après-guerre, n’a ému personne à l’époque. Soixante-dix ans après, le Mémorial du camp de rétention de Seine-Saint-Denis, antichambre d’Auschwitz, présente cinquante-six estampes inédites de Georges Koiransky, détenu ici en 1942 et 1943.
Intitulée « Drancy, au seuil de l’enfer juif », l’exposition se tiendra jusqu’au 15 avril prochain. Ouvert il y a cinq ans, le Mémorial est situé face à la cité HLM de la Muette où étaient parqués les internés sous l’Occupation.
Né en Russie en 1894, Georges Koiransky, qui a participé à la Première guerre mondiale et exerçait la profession de dessinateur industriel, a fait la connaissance de René Blum, prisonnier lui aussi et frère de l’ancien président du Conseil Léon Blum. Celui-ci lui a suggéré d’utiliser ses crayons pour laisser une trace écrite du crime en cours.
Devenu un « œil enregistreur », il a croqué sur le vif des dizaines de scènes édifiantes et terribles avec la complicité d’autres détenus formant un « rideau humain » pour le soustraire à la vue des gendarmes français qui gardaient le camp. Tandis que René Blum a péri en déportation, Georges Koiransky a été libéré de Drancy grâce à de faux papiers obtenus in extremis. Il est décédé en 1986.