« C’est la rue qui a abattu les rois, les nazis… » : Jean-Luc Mélenchon s’est « lâché » devant plusieurs dizaines de milliers de sympathisants réunis le 23 septembre place de la République, à Paris, pour protester contre la réforme du droit du travail voulue par le président Macron. Ce dernier avait déclaré dans la presse américaine, à l’occasion de son passage à New York devant l’assemblée générale des Nations unies, que la démocratie ne se faisait pas « dans la rue ».
Après la sortie du chef de la gauche radicale, les réactions indignées se sont multipliées. Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, a dénoncé « une faute grave ». Le numéro un du groupe La République en marche (pro-Macron) à l’Assemblée, Richard Ferrand, a évoqué des « amalgames délirants et déshonorants ». L’ancien Premier ministre Manuel Valls a prôné la fermeté à l’égard du leader de La France insoumise, « de sa violence et de ses références historiques hasardeuses ». La classe politique, à l’exception des représentants de l’extrême gauche, a fustigé dans son ensemble un dérapage comparant les mesures votées par la majorité actuelle à celles des nazis. Une outrance verbale qui s’inscrit dans la ligne des élucubrations de Jean-Marie Le Pen, aux yeux de beaucoup de commentateurs.
Quant aux historiens, ils ont été pour la plupart sidérés par les propos de Jean-Luc Mélenchon. « C’est le Débarquement allié et, indirectement, l’Armée rouge qui ont permis à notre pays de retrouver la liberté », a rappelé Jean Garrigues, professeur à Sciences Po. « La rue, elle, acclamait Pétain quelques mois avant la Libération de Paris et le 6 février 1934, menaçait la République », a-t-il ajouté.