Géographiquement la localité d’Har Adar est située en Judée. Mais pour beaucoup d’Israéliens il s’agit là avant tout d’une banlieue huppée du nord-ouest de Jérusalem, située à proximité des localités de Maalé A’hamicha, Kiriat Anavim, et Mevasseret Tsion, en bordure de l’autoroute Jérusalem-Tel Aviv. Historiquement, Har Adar (la montage de beauté en hébreu) a été créée sur le site d’un puissant … radar jordanien détruit en 1967, d’où son nom. A l’est, la localité qui est proche de deux villages palestiniens. Chaque matin des centaines d’habitants pénètrent, par un petit check-point à l’intérieur de la localité israélienne pour y effectuer des travaux divers. Mahmoud Ahmed Gamal, le terroriste qui a assassiné, mardi matin, un garde-frontière, le sergent Salomon Gvaria, et deux agents de la sécurité, Yossef Otman et Or Arish, était l’un de ces Palestiniens. Depuis plusieurs années, il faisait le ménage au domicile de plusieurs familles israéliennes comme celle de la présentatrice météo Sharon Weksler. Chaque matin, il entrait dans Har Adar par le petit poste de passage après avoir présenté son permis de travail. Mais ce mardi 26 septembre, son comportement suspect a attiré l’attention des agents de la sécurité et des soldats stationnés devant ce passage. Ils lui ont demandé de sortir de la file. Se sentant repéré le terroriste a sorti un revolver et a ouvert le feu dans leur direction tuant trois d’entre eux, blessant sérieusement un quatrième avant d’être abattu par un soldat : « On n’ose imaginer ce qui aurait pu se passer s’il avait réussi à franchir le barrage et à pénétrer à l’intérieur de notre village » a déclaré l’une des habitantes d’Har Adar.
Cet attentat a, d’une certaine manière, pris de court les forces de sécurité israéliennes. Il est, en effet, intervenu dans un contexte de calme sécuritaire relatif et alors que les rumeurs évoquent une relance possible du processus de paix israélo-palestinien (voir analyse page 8). Mais ce n’est pas sa seule particularité. D’abord, le fait que le terroriste détenait un permis de travail fixe dans la localité a surpris les experts israéliens et son geste risque de contraindre les autorités israéliennes à reconsidérer l’attribution de tels permis aux Palestiniens des villages voisins d’Har Adar qui sont généralement considérés comme relativement « calmes ». Car même si les forces israéliennes ont pris soin depuis le début de l’intifada des couteaux il y a deux ans de ne pas multiplier les « punitions collectives », le traumatisme provoqué par cet attentat à Har Adar et dans les localités israéliennes environnantes pourrait entraîner une révision de cette pratique. Par ailleurs, il semble que le terroriste n’ait pas commis son acte uniquement pour des considérations nationalistes, mais pour des motivations personnelles, après un divorce mal géré. Enfin, cet attentat pourrait à lui seul résumer la complexité du conflit israélo-arabe : le terroriste palestinien n’a pas seulement tué un garde frontière d’origine éthiopienne et un israélien de souche, il a assassiné un agent de la sécurité arabe du village d’Abou Goch connu pour son soutien inconditionnel à l’Etat hébreu depuis la guerre d’Indépendance. Il suffit de consulter les réactions de colère de ses habitants envers les Palestiniens après cet attentat pour mesurer le fossé qui existe entre ces deux populations arabes. Daniel Haïk
Solomon Gvaria: le second attentat lui a été fatal
Solomon Gvaria n’avait que 20 ans. Originaire d’une famille éthiopienne, il s’était enrôlé il y a un an et demi dans les gardes frontières avec l’intime conviction de vouloir ainsi servir son pays. Il y a un an, il avait été légèrement blessé lors d’un attentat au couteau non loin du poste de passage où il a été assassiné mardi. A l’époque Solomon avait lutté contre le terroriste qui tentait de le poignarder et l’avait contraint à s’enfuir…