Après un périple qui l’a conduit en Argentine, en Colombie (pour moins de 24 heures( et au Mexique, Binyamin Nétanyaou est arrivé vendredi à New York, où il devait rencontrer lundi soir le président Donald Trump avant de prononcer le lendemain, à la veille de Roch Hachana un discours consacré en grande partie à la menace iranienne.
Peu avant l’entrée du chabbat, le Premier ministre a d’emblée posé le décor en affirmant qu’Israël ne laissera pas l’Iran accentuer sa présence en Syrie : « Il serait bon de tenir compte de nos mises en garde » a-t-il affirmé. En effet, pour Mr Nétanyaou, cette visite à New York dans le cadre de l’Assemblée Générale des Nations unies a un objectif principal et plusieurs autres objectifs secondaires : l’objectif principal est clairement de remettre sur le devant de la scène internationale le dossier iranien. Tant lors de sa rencontre avec le président Donald Trump prévue pour lundi soir, tant lors de son intervention prévue devant l’Assemblée Générale mardi soir, à la veille de Roch Hachana, le Premier ministre israélien devait souligner que l’Iran représentait pour Israël une double menace : primo, une menace immédiate sur le sol syrien avec la volonté affirmée de Téhéran et de son bras avancé le Hezbollah, de s’implanter de plus en plus solidement à proximité de la frontière israélo-syrienne sur le plateau du Golan. Secundo, une menace à plus long terme avec les intentions jamais démenties des Iraniens de se doter d’une puissance nucléaire. Sur ce second point le Premier ministre israélien espère persuader Donald Trump d’envisager une annulation de l’accord de Vienne du 14 juillet 2015. A défaut, il sera prêt à proposer aux Américains une série d’amendements qui seraient joints en annexe dans cet accord. Parmi ces amendements : un contrôle accru des centrales iraniennes par l’Agence Internationale pour l’Energie atomique (AIEA) et une destruction des centrifugeuses les plus sophistiquées, ce qui empêcherait Téhéran de produire de l’uranium enrichi non seulement pendant les 10 prochaines années comme mentionné dans l’accord de Vienne, mais pendant plusieurs décennies. Donald Trump n’a pas caché son opposition à l’accord de Vienne. Cependant il sait que remettre en question l’accord lui-même est problématique. Par contre y apporter des amendements consistants pourrait être une solution de compromis à laquelle Binyamin Nétanyaou pourrait adhérer. Il convient en effet de préciser que si pour Nétanyaou cet accord met en danger l’Etat d’Israël, pour beaucoup d’experts militaires au sein de Tsahal, c’est un moindre mal qui empêche l’Iran de se doter du potentiel nucléaire dans les 8 prochaines années : le temps de voir venir et de trouver de nouvelles parades à cette menace.
Mais dans son intervention devant l’Assemblée générale des Nations unies, Binyamin Nétanyaou devrait aussi revenir sur son sujet diplomatique de prédilection : l’attrait d’Israël auprès des nations, des plus petites aux plus puissantes. Au cours de son passage à New-York, de nombreux chefs d’État et de gouvernement ont sollicité un entretien avec le Premier ministre : « Il y en avait trop. Nous n’avions pas le temps de les rencontrer tous. Et nous avons dû faire un choix », ont affirmé les conseillers qui accompagnaient Mr Nétanyaou. C’est ainsi que le Premier ministre devait rencontrer durant son passage à New York le premier ministre japonais Shinzo Abe avec lequel il entretient d’excellentes relations ainsi que les président de l’Honduras, du Panama et du Brésil. Et il devait également s’entretenir avec le président du Rwanda Paul Kagame qui a plus d’une fois exprimé son amitié profonde pour l’Etat hébreu. Pour le premier ministre israélien, il sera particulièrement important de prouver au sein même de l’ONU que l’État d’Israël, loin d’être un État pestiféré comme le prétendent certains des adversaires politiques de Mr Nétanyaou, est aujourd’hui une nation courtisée pour son expertise en matière de lutte anti-terroriste et de hautes technologies. Et c’est sûr de lui et de son pouvoir de séduction diplomatique que Mr Nétanyaou s’est permis d’opposer une fin de non-recevoir aux pays qui systématiquement s’opposent à l’État hébreu, comme la Suède. Ainsi, Mr Nétanyaou a annoncé qu’il ne rencontrerait pas son homologue suédois Stéfan Lowen et ce parce que la Suède a été le seul pays européen à voter en faveur de la scandaleuse résolution de l’UNESCO niant le lien entre Jérusalem et le peuple juif. Cette simple capacité de la part du Premier ministre israélien de choisir ses interlocuteurs privilégiés, est bel et bien la preuve, qu’au-delà des enquêtes judiciaires qui le concernent, il n’a pas son pareil pour promouvoir l’image de l’État d’Israël à l’étranger.