Ce beth hamidrach médiéval reconstitué, doublé d’une exposition permanente sur la vie et l’œuvre du maître champenois, devrait multiplier le nombre de pèlerins juifs se rendant chaque année dans la région.
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C’est Momy Assaraf qui a été nommé « ambassadeur » pour la presse de la Maison Rachi de Troyes, ce musée ouvert au public à dater du 11 septembre. Ce membre actif de la communauté juive de la ville depuis 1956 (il est né en 1943 et a étudié dans sa jeunesse à la yéchiva Or Yossef installée alors à Fublaines) est le petit-neveu du grand rabbin Abba Samoun zal, qui a longtemps officié dans la célèbre commune champenoise. Aujourd’hui, Momy Assaraf est fier de la réalisation d’un projet ancien : permettre aux vingt à trente mille pèlerins se rendant à Troyes chaque année, en provenance d’Israël et de toute la diaspora, de disposer de lieux suffisamment bien dotés en espaces d’accueil, archives, souvenirs, etc., pour rendre leur séjour fructueux et vraiment inoubliable. Le but serait de tripler, à terme, le nombre de visiteurs et de faire de ce petit coin de l’Aube un « nouvel Ouman ».
La première étape a été franchie avec la rénovation de la synagogue, dont le bâtiment restauré a été inauguré en 2016.
Grâce aux deux millions d’euros attribués par l’Etat, la région, le département, la municipalité… et surtout deux institutions juives, la Fondation Edmond J. Safra et la Fondation pour la mémoire de la Shoah, la ville a pu aménager aussi cette Maison Rachi (cent mètres carrés environ) attenante au lieu de prière. C’est une création ex nihilo, dans la mesure où nul ne sait où se trouvait la véritable demeure du grand talmudiste. Au demeurant, les traces de la vie juive médiévale ont disparu après des incendies et dégradations à répétition depuis des siècles. La choule elle-même, longtemps abandonnée, date de la Renaissance. Elle a été réactivée avec l’arrivée des séfarades dans les années 60 et la réapparition d’une communauté organisée à Troyes.
Les concepteurs de la Maison se sont inspirés notamment de la salle d’étude de Rachi reconstituée au Beth Hatefoutsot, le fameux Musée de la diaspora situé sur le campus de l’Université de Tel-Aviv. La Maison se présente donc comme un beth hamidrach du 11e siècle. On y découvrira en outre des vidéos pédagogiques, une carte des régions européennes où ont travaillé les Tossafistes, un arbre généalogique du maître du pchat, quelques-uns de ses commentaires du Talmud… Parmi les hommes qui ont contribué au renouveau du judaïsme local et à la naissance de cette Maison, citons les Troyens Charles Aïdan, qui s’est battu en ce sens pendant près d’une décennie, René Pitoun et Joseph Kadouch. Ce dernier préside aujourd’hui la communauté. Au plan national, l’ancien grand rabbin de France René-Samuel Sirat, par ailleurs fondateur en 1989 et ex-président de l’Institut universitaire Rachi de la ville (dédié aux études hébraïques mais indépendant des associations juives), a joué un rôle-clé dans la genèse du projet muséographique concrétisé ce 11 septembre. Le grand rabbin actuel, Haïm Korsia, a œuvré en faveur de son achèvement.