Le nom de ce grossiste reste associé à l’expansion et la démocratisation du marché français de la boucherie conforme aux prescriptions halakhiques.
« Je ne prends pas de vacances car ce que j’aime, c’est rendre service à la communauté. Si elle est heureuse, je le suis aussi ». Cette phrase en forme de déclaration, nous la devons à René Emsalem zal qui est décédé le chabbat 1er juillet et qui a été inhumé le lendemain au cimetière de Puteaux. René Emsalem était le chevillard (grossiste en viande) le plus important de France dans le secteur de la viande casher. Il était également demi-grossiste et détaillant depuis quelques années. Sa générosité et son respect pour les rabbanim étaient hautement appréciés au Consistoire, dont les responsables ont largement participé aux obsèques comme aux chiva à la synagogue de la rue Ancelle, à Neuilly-sur-Seine.
Originaire d’Algérie, le disparu a commencé là-bas sa vie professionnelle et l’a poursuivi lorsqu’il a franchi la Méditerranée.
C’est dix ans plus tard, en 1972, qu’il a décidé de se consacrer à la boucherie casher. Jusqu’alors, il n’existait que de petits chevillards – alsaciens pour la plupart. Tout a changé avec la création du grand rabbinat de Paris en 1971 assortie de son autorité, conférée par l’Etat, sur la ché’hita. Cette normalisation administrative est intervenue au moment où le marché prenait une certaine ampleur, du fait de l’importance nouvelle de la population traditionaliste séfarade sur le territoire français. Dans les années 80 et jusqu’à nos jours, on a assisté à l’expansion de la casherout, avec le développement de la pratique des mitsvot dans l’Hexagone consécutive à la techouva d’une partie de la jeune génération.
David Amar, président de la commission consistoriale chargée de l’alimentation, ne cache pas son émotion. « Si René Emsalem zal a travaillé pour le compte de la hachga’ha Loubavitch, dit-il à Haguesher, c’était avec notre accord et sous notre contrôle. Il était avant tout le fidèle serviteur du Beth Din de la capitale et de son label. En quarante-cinq ans, je ne crois pas qu’il y ait eu un seul problème de conformité halakhique avec lui. Tout était parfait. Et s’il y avait de temps à autre des différends entre nous, il criait mais ne mordait pas. C’était un homme bon. Globalement, il a joué un rôle-clé dans la démocratisation de la casherout, en pratiquant des prix abordables ».
Il n’hésitait pas à donner gracieusement des morceaux de boeuf ou des poulets à telle ou telle école ou association caritative et de nombreux Juifs démunis en Ile-de-France lui doivent beaucoup. Mais sur ce point, sa discrétion était totale.
Michel, son fils, et Fabrice, son gendre, sont aux commandes pour assurer la relève. Barouh Dayan HaEmet.
Axel Gantz