Le président du CRIF Francis Kalifat exige solennellement que la vérité soit dite sur le meurtre barbare et antisémite de Sarah Attal-Halimi. Des membres de la famille ont porté plainte contre la police, présente au moment des faits mais qui a attendu une heure pour intervenir.
« Pour Sarah Halimi, je ne me tairai pas » : dans une tribune publiée fin juin sur le site Internet du Figaro, Francis Kalifat a dénoncé solennellement l’omerta qui entoure encore cet assassinat antisémite précédé d’actes de barbarie. Le président du CRIF estime que le silence en question rappelle l’indifférence des médias et de la classe politique face à la montée de la violence antijuive, verbale et physique, au début des années 2000.
« De délinquants ordinaires en loups solitaires ou malades psychiatriques, tout a été tenté pour ne pas reconnaître qu’à nouveau en France des Juifs sont agressés, et même tués, uniquement parce qu’ils sont juifs », a-t-il écrit. Et d’ajouter : « L’antisémitisme est devenu un marqueur pour une partie croissante des musulmans de ce pays », citant le rapport de l’Institut Montaigne (un groupe de réflexion libéral) à ce sujet et paru en 2016, selon lequel un jeune musulman sur deux serait clairement antisémite. « Notre société peine à affronter cette nouvelle réalité et à reconnaître l’évidence », a déploré Francis Kalifat avant de revenir sur les raisons qui poussent le CRIF et les avocats de la famille à demander la requalification du meurtre en crime de haine lié à la confession de la victime. « Torturée au rythme de sourates du Coran, Sarah Attal-Halimi a été jetée vivante du balcon de son appartement au cri de Allah Ouakbar (« D.ieu est grand » en arabe – NDLR) par un individu de vingt-sept ans d’origine malienne, délinquant multirécidiviste, récemment radicalisé lors d’un séjour en prison et fréquentant une mosquée salafiste », a précisé le président de l’institution juive.
Le coupable, Kobili Traoré, est interné en hôpital psychiatrique et le Parquet refuse toujours de reconnaître sa responsabilité pénale en l’état actuel du dossier. Mais l’enquête n’est pas terminée.
Il faut remarquer tout de même que le principal journal télévisé, celui du « vingt heures » de TF1, a enfin diffusé le 28 juin un reportage sur l’assassinat. Le frère de la défunte, William Attal, a été interrogé et a pu exprimer son indignation sur l’omerta qui sévit depuis trois mois.
Entre-temps, des membres de la famille de Sarah Attal-Halimi ont porté plainte contre la police pour non-assistance à personne en danger. On sait en effet que des agents étaient présents mais ne sont pas entrés en action immédiatement, préférant appeler du renfort et « attendant les ordres ». Ce retard d’une heure a sans doute été fatal : les forces de l’ordre n’ont pénétré dans l’immeuble qu’après la défenestration mortelle.
« Dans cette affaire, comme dans celle du Bataclan (c’est d’ailleurs le même commissariat), il y a manifestement un problème, a déclaré l’avocat des plaignants, Gilles-William Goldnadel. Certes, la police est intervenue très vite, car beaucoup de gens l’ont appelée ; mais une fois sur place, elle n’a rien fait ».
Notons enfin qu’un « run », autrement dit une manifestation de motards, a eu lieu dans la soirée du 29 juin à Paris pour « faire du bruit » de façon originale autour de ce scandale. Environ deux cents deux-roues ont défilé sans incident entre la porte Maillot et le Marais.
Axel Gantz