La gare ferroviaire de Pithiviers (Loiret) a une histoire particulière. C’est là que « tout a commencé » en France, dit-on dans les familles de rescapés de la Shoah.
Le 14 mai 1941, la première rafle antisémite se déroule à Paris. La préfecture de police convoque six mille quatre cent quatre-vingt-quatorze Juifs étrangers : polonais, tchécoslovaques, autrichiens… Trois mille sept cent quarante-sept se présentent dans différents commissariats. Ils sont expédiés par train dans les camps de rétention de Pithiviers et Beaune-la-Rolande.
Entre 1941 et 1943, environ huit mille autres Juifs transiteront par la gare de Pithiviers avant d’être déportés à Auschwitz.
Cette gare a été fermée au trafic voyageur dans les années 60. Elle n’a connu ni transformation, ni modernisation : elle est restée à l’identique depuis la guerre, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les rails eux-mêmes sont d’époque.
Le conseil scientifique du Mémorial parisien de la Shoah et le Centre d’étude et de recherche sur les camps d’internement du Loiret viennent de décider de faire de ces murs chargés d’Histoire un espace à vocation pédagogique. Des photographies, documents administratifs ou courriers écrits par les prisonniers seront exposés, permettant aux visiteurs de mieux appréhender les heures tragiques de l’Occupation.
Du camp de Pithiviers, il ne demeure pas grand-chose : seul le bâtiment qui abritait l’infirmerie est encore debout mais c’est désormais un immeuble d’habitation. La stèle du souvenir rappelle néanmoins aux personnes de passage ce qu’a représenté ce terrain sous la botte nazie.
Axel Gantz