Depuis une semaine, après que l’aviation de Tsahal a attaqué une base de l’armée de l’air syrienne près de Damas, la défense anti-aérienne et des hélicoptères d’attaque israéliens sont intervenus à plusieurs reprises dans la partie syrienne du Golan, aux environs de Kuneitra, pour cibler des forces du Hezbollah et des Gardes révolutionnaires iraniens déployées dans ce secteur aux abords de la frontière.
Après que des médias arabes ont indiqué le 27 avril qu’Israël avait attaqué la nuit précédente des dépôts d’armes dans la base aérienne syrienne d’Al-Mazzeh près de l’aéroport de Damas, à 25 kms de la capitale syrienne, Israël Katz, le ministre israélien des Renseignements et des Transports, a semblé confirmer le lendemain cette nouvelle frappe en déclarant à la radio Gaalé Tsahal : « Cet incident est compatible avec notre politique consistant à empêcher les transferts d’armes au Hezbollah. Chaque fois que nous obtiendrons des renseignements sur des projets de transferts d’armes sophistiquées au Hezbollah, nous agirons, car il est primordial pour nous d’empêcher cette organisation terroriste d’établir une présence militaire en Syrie ».
Tsahal abat un drone venu de Syrie avec un missile Patriot
Mais les choses n’en sont pas restées là : au soir du 27 avril, la défense anti-aérienne de Tsahal a dû tirer un missile d’interception Patriot dans le ciel du nord d’Israël contre un objet volant non identifié venu apparemment de Syrie, qui a intercepté sa cible avec succès. Suite à quoi le porte-parole de Tsahal a déclaré que l’armée enquêterait sur cet incident afin de déterminer l’origine et le type de cet engin qui appartenait vraisemblablement au Hezbollah, celui-ci ayant qualifié le raid israélien de la nuit précédente près de Damas d’« énorme atteinte à la souveraineté syrienne».Dans ce climat d’escalade, le quotidien de Beyrouth Ad-Diyar a rapporté que Damas avait déjà préparé 4 de ses 800 missiles Scud armés chacun d’une tonne d’explosifsafin de les tirer « sans aucun avertissement »sur Israël en tant que riposte« à tout nouveau raid de Tsahal ».
Après cette série d’incidents, Moscou a appelé« tous les pays à la retenue »en mettant en garde contre une « montée des tensions » : « Nous estimons que tous les pays doivent faire preuve de retenue pour éviter une montée des tensions dans une région déjà passablement agitée et nous appelons donc au respect de la souveraineté de la Syrie », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Nouveau chapitre dans ces tensions : des médias arabes ont signalé au soir du 29 avril que l’armée de l’air israélienne avait mené, avec des hélicoptères de combat,des frappes autour de la ville de Quneitra près de la frontière israélo-syrienne, qui visaient des cibles de l’armée d’Assad et de ses alliés dans la région – ce que le QG. syrien a démenti.
Rappelons qu’Israël a mené, depuis le début de la guerre civile syrienne en mars 2011, une série de frappes contre des cibles syriennes ou du Hezbollah libanais, l’allié le plus actif du régime de Damas soutenu par l’Iran, alors que Téhéran a dépêché sur place des milliers de soldats et d’officiers des forces spéciales des Gardes de la Révolution islamique. Ainsi, le13 janvier dernier, Damas avait accusé l’Etat hébreu d’avoir bombardé son aéroport militaire de Mazzé qui abrite les services de renseignements de l’armée de l’air.Courant 2016, plusieurs missiles israéliens avaient frappé les environs de cette base militaire. Des raids ensuite reconnus par le Premier ministre Binyamin Nétanyaou, qui a admis qu’Israël avait attaqué des dizaines de convois d’armes destinés au Hezbollah. Mais l’incident israélo-syrien le plus sérieux est intervenu à la mi-mars dernier, après qu’un raid israélien attaquant des positions du Hezbollah près de Palmyre a entraîné une riposte anti-aérienne et un tir de missile de l’armée syrienne intercepté en direction du territoire israélien.
Richard Darmon