Le 20e Yahrtzeit de « Rabbénou », le rav Guershon Liebman s’est déroulé , lundi 29 Adar. Considéré comme l’une des plus grandes figures du judaïsme français d’après-guerre, le rav Liebman a étudié à la Yéchiva de Novardok. Son maître, le rav Its’hak Blei’her, suivait la voie tracée par le Rav Yossef Yozel Horowitz (1847-1919), connu sous le nom du Sabba de Novardok. Durant la Shoah, Rabbénou a été déporté au camp de Bergen-Belsen et le jour de sa libération du camp, armé d’un courage indescriptible, il se mit à étudier le traité de Baba Kama qu’il avait dû abandonner juste avant la guerre. L’apercevant en train d’étudier, un soldat juif américain lui demanda : « Comment pouvez-vous vous plonger dans l’étude après avoir tant souffert ? » Et le rav Liebman de répondre : « Nous avons perdu trop de temps durant ces 6 dernières années. Jai décidé douvrir la première Yéchiva à Bergen Belsen » et une cinquantaine de jeunes se regroupèrent autour de lui ! En 1946, le rav Liebman dirigea la Yéchiva Chéérith Beth Yossef au camp de Zeilsheim près de Francfort, où des rescapés avaient été internés. En 1948, il fonda la Yéchiva Or Yossef en France. Celle-ci s’installa à Bailly (Yvelines) puis à Fublaines puis à Armentières-en- Brie et Bussières. Dans les années 50, il fonda également un séminaire de jeunes filles à Trilport et développa progressivement un réseau d’institutions destinées à différentes tranches d’âge. Ainsi, il s’investit corps et âme pour reconstruire le judaïsme français affecté par la Shoah et diffuser la pensée de l’Ecole de Novardok, essentiellement basée sur le travail des Middot, la confiance absolue en Hachem et le Hechbon Hanéfech (faire son examen de conscience). Lorsqu’on demanda à Rabbénou d’écrire ses souvenirs en tant que survivant de la Shoah, il rétorqua : « Certains ont pour mission de retranscrire lHistoire et dautres se chargent de produire lHistoire ». Le Rav Gershon Liebman est enterré au cimetière de Guivat Shaoul à Jérusalem.
Yokheved Levy