Le fondateur du « Bondy Blog », idole de certaines rédactions et ex-animateur sur France-Inter, est en réalité un antisémite autrefois coutumier des appels au meurtre. Cette révélation provoque une grande émotion médiatique.
L’affaire Mehdi Meklat est d’abord médiatique. Le jeune homme, qui posait début février à la une du magazine branché Les Inrockuptibles, était jusqu’à ces derniers jours, l’idole de la presse de gauche. Considéré comme le porte-parole d’une certaine jeunesse précarisée et déboussolée,il a fondé en 2008 le « Bondy Blog », un site web à succès spécialisé dans les reportages et tribunes consacrés à la banlieue. Il a aussi animé une émission sur France-Inter et a été invité sur de nombreux plateaux de télévision.
Mais patatras : il est brusquement descendu de son piédestal quand des internautes ont découvert, il y a trois semaines, des centaines de messages numériques haineux et violemment antisémites signés Mehdi Meklat. Ils datent des années antérieures à 2015.On peut y lire des apologies du nazisme, de Mohamed Merah…et des appels au meurtre non dissimulés à l’encontre de Juifs. « Les médias qui l’ont employé auraient dû se montrer bien plus vigilants », estime la présentatrice Sonia Devillers, pilier de Radio-France. Au quotidien Libération, où le jeune homme avait table ouverte, le malaise est profond, tout comme à la rédaction d’Arte. La chaîne franco-allemande a beaucoup contribué à l’image de vedette accolée à Mehdi Meklat et a assuré, entre autres, la promotion de son livre paru au Seuil début 2017, « Minute ». En revanche, la journaliste Pascale Clark, qui lui a permis d’entrer à France-Inter, continue de louer ses talents et ne regrette rien. « A l’antenne, il n’était que poésie, intelligence et humanité », dit-elle. Pierre Siankowski, directeur des Inrockuptibles, s’est fendu d’un éditorial embarrassé où il admet que les messages web de Meklat sont « abominables et abjects ». Entre-temps, des chroniqueurs ancrés à gauche, comme Claude Askolovitch ou Daniel Schneidermann (tous deux juifs), se sont crus obligés de tempérer la tempête médiatique en prétendant que les attaques contre le fondateur du « Bondy Blog » étaient exagérées. Réaction de Philippe Val, ex-rédacteur en chef de Charlie Hebdo : « Ces gens défendent l’indéfendable. Quand je pense que Le Monde Magazine a produit récemment cinq pages élogieuses sur Meklat ! C’est se f… du monde ». Quant à l’avocat et militant sioniste Gilles-William Goldnadel, il a écrit : « Le plus grave ne réside pas dans la tête dérangée d’un islamo-gauchiste, il demeure dans le silence gêné de la gauche donneuse de leçons. Pascale Clark, maîtresse d’école antiraciste, a eu l’effronterie de tenter d’expliquer que son petit Mehdi était dans la provocation. D’autres affirment qu’il faut prendre cela au troisième degré. Evidemment, puisque c’est de gauche, c’est plus subtil… Il y a pire que l’absence de liberté d’expression : c’est la liberté d’expression à la tête du client ».
Axel Gantz