Le CRIF a dénoncé, le 4 janvier, la comparaison faite la veille par Vincent Peillon entre le sort des Juifs sous l’Occupation et la situation actuelle des Musulmans de France. « L’histoire de la déportation, de la spoliation des biens juifs ou des lois discriminatoires comme le port de l’étoile jaune ne saurait être dévoyée et instrumentalisée au nom d’un soi-disant équilibre des souffrances », s’est indignée l’organisation juive. Le philosophe et académicien Alain Finkielkraut, de son côté, a qualifié les propos du candidat à la primaire de la gauche d’« absurdes, scandaleux et obscènes ». Il a rappelé qu’il n’y avait « ni djihadistes juifs » dans les années 30, ni d’enfants juifs traitant leurs condisciples de « sales Français ». Pour lui, cette comparaison « purement électoraliste » est « un lieu commun de la doxa islamo-gauchiste qui masque la réalité de l’antisémitisme musulman ».
Vincent Peillon ne s’est pas contenté d’affirmer, sur France 2, qu’on stigmatisait aujourd’hui les jeunes issus de l’immigration maghrébine « comme ceux auxquels on mettait l’étoile jaune ». Il a précisé : « comme il y a quarante ans ». L’Occupation, on le sait, c’était il y a plus de soixante-dix ans. De la part d’un agrégé d’Histoire, cette méprise est surprenante… D’autre part, la comparaison en question paraît d’autant moins acceptable qu’elle émane d’un homme politique ne faisant pas mystère de sa judéité (sa mère est juive alsacienne) et remarié récemment, dans le respect du rite ashkénaze, à la synagogue parisienne de la place des Vosges. Il a d’ailleurs réagi à la polémique – sans s’excuser – en rappelant ses origines et en indiquant que la souffrance des victimes de la collaboration « ne saurait être banalisée ».
Notons que la comparaison incriminée est bien le leitmotiv d’une partie de la gauche depuis quelques années. Le patron du site web d’information Mediapart et ex-trotskiste Edwy Plenel a même consacré un livre à ce sujet, intitulé « Pour les Musulmans » (La Découverte, 2014). Pendant la campagne des régionales de 2015, le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a lancé : « Le Front national, c’est le retour de Vichy. À l’époque, les Juifs étaient les principaux concernés, maintenant ce sont les Musulmans ».
Axel Gantz