Le rav Mikaël Journo, de la synagogue parisienne Chasseloup-Laubat (15earrondissement), est aumônier général des hôpitaux pour le culte israélite. À ce titre, il a lancé le 1er janvier un appel solennel à tous les Juifs de France attachés au respect de la Halakha. Motif de cet appel : l’entrée en vigueur, en ce début d’année civile, de la réforme du transfert d’organes après le décès. Rappelons que la pratique est souvent proscrite par les guedolim, dans la mesure où elle suppose le déplacement et l’utilisation d’une partie du corps. Or, la tradition juive interdit de « tirer profit » d’un cadavre.
Jusqu’à présent, il suffisait que la famille du défunt signale oralement le refus de la personne décédée pour que les médecins ne puissent prélever un organe. Mais tout a changé le 1er janvier : désormais, chacun est présumé…consentant. La charge de la preuve est inversée. Un défunt est réputé donneur, sauf s’il a expressément manifesté, par écrit et avant sa mort, son rejet de ce geste de plus en plus courant dans les hôpitaux. La démarche est simple : il faut s’inscrire sur le « registre national des refus », disponible sur Internet. Inscription personnelle : nul ne peut remplir le formulaire à votre place !
Il existe une seconde procédure, plus lourde : le « témoignage d’opposition ». C’est une décision orale, mais elle doit être formalisée par au moins deux témoins de la famille dans les jours qui précèdent le décès, en présence d’une équipe médicale. Il est d’ailleurs possible de distinguer explicitement les organes qu’on consent à donner de ceux qu’on juge « intouchables ». C’est une affaire complexe qui mérite un avis rabbinique,puisque le non-transfert d’organes est susceptible d’amendements : il y a des exceptions en cas de pikoua’h Néfech avéré.
Quoi qu’il en soit, si la personne en question n’a pas déclaré son refus par anticipation, ses proches auront beau protester, les médecins seront dorénavant en droit d’utiliser le corps du défunt comme bon leur semble.Axel Gantz