Elles étaient les reines du désert en Israël, la dernière trace d’un monde sauvage dans cette région. Une série de tragédies dont les hommes sont les principaux responsables, entraînent leur départ progressif de notre région. Qu’est-il arrivé aux panthères du Désert de Judée et du Néguev, avons-nous encore l’espoir de revoir ces animaux majestueux dans notre pays ?
Le photographe de la nature, Eyal Bartov, a eu la chance de côtoyer ces animaux dans le Désert de Judée. Il reconnaît que c’était un bonheur de les voir évoluer dans la nature. Bartov se souvient que dans les années 70, alors que l’ « homme aux panthères », le zoologue Giora Iloni, avait révélé pour la première fois la présence des panthères dans le Désert de Judée, l’avenir de cette faune en Israël paraissant éblouissant. « Nous pensions naïvement que tout le pays deviendrait un immense paradis de la nature, que les réserves naturelles augmenteraient et que les animaux prospéreraient. (…) Nous ne pouvions nous imaginer qu’en réalité, nous assistions à la fin d’une époque. » Plus les années passent, et plus la présence des panthères en Israël s’est faite rare. Bartov aurait photographié son dernier spécimen en 1985. Plusieurs témoins affirment régulièrement voir un de ces fauves, mais jusqu’à présent, personne ne peut affirmer qu’il s’agit d’une panthère. Certains ont filmé des gros chats, qui pourraient refaire naître l’espoir de la présence des panthères dans la région, mais aucune preuve ne le démontre de façon certaine. Une promeneuse a réussi à filmer un animal, mais il est difficile, d’après les images, de réellement dire s’il s’agit d’une panthère, selon le Dr Beni Chalmon, ancien directeur du centre d’information des mammifères auprès de la société de protection de la nature. « La façon de se déplacer ressemble à celle de la panthère, mais il lui manque l’essentiel : lorsqu’une panthère se déplace en milieu naturel, sa queue est tendue en arrière et l’extrémité tend vers le haut. L’animal filmé n’a pas de queue, je ne pense donc pas qu’il s’agit d’une panthère. » « Lorsqu’une race est en train de s’éteindre, elle se réfugie dans le meilleur endroit où elle pourrait survivre. Ici, il s’agit de Na’hal Arougot et de Na’hal David. Cela fait des années que ces régions sont sillonnées par les inspecteurs des réserves naturelles, et qu’aucune trace n’a été relevée. Il semble bien qu’il n’y ait plus de panthères ici. » Les scientifiques sont persuadés que l’espèce est éteinte et que les chances de revoir des panthères en Israël sont pratiquement nulles.
La panthère que l’on pouvait croiser à une certaine époque dans le désert de Judée est l’une des plus petites de cette espèce. Son nom officiel est la « panthère du désert » et elle menacée d’extinction dans le monde entier. Il en resterait 200 à 250 individus, dont la plupart se trouvent au Yémen, à Oman et en Arabie Saoudite, qui continuent à en garder des spécimens en captivité dans l’espoir de les réintroduire dans certaines régions. Le mâle pèse environ 40 kg, et la femelle, seulement 25. Leur pelage est jaune-brun tacheté, ce qui leur permet de se fondre parfaitement dans les paysages désertiques. Elle possède une très longue queue, qui mesure deux fois et demie la longueur de son corps. Dans nos régions, on trouvait d’autres genres de panthères, comme la panthère d’Anatolie qui aurait disparu dans les années 60, même si certains prétendent en avoir aperçues dans le Golan dernièrement. On trouvait également la panthère du Sinaï, au pelage clair, elle aussi éteinte depuis les années 60, victime de chasses sauvages, ou encore la panthère perse, deux fois plus grande que notre panthère, qui n’a pas non plus survécu aux chasseurs.
Bartov impute la responsabilité de la disparition de toutes ces espèces aux hommes, à l’accroissement de la population et à la modernisation ultra-rapide de l’Etat. Construction de lignes électriques, agrandissements des terres agricoles, projets immobiliers, sont autant de causes de disparition de la faune du pays. Les tribus bédouines ont largement chassé ces animaux comme trophées ou parce qu’elles les tenaient responsables de la disparition de leurs troupeaux de moutons.
La conscience environnementale n’est pas encore très développée dans les sociétés arabes. A une époque, certains kibboutzim craignaient également de voir le nombre de panthères se multiplier dans la région, ce qui aurait pu éloigner les touristes et mettre en danger ses habitants.
Iloni avait donné un nom à chaque panthère et ne possédait pas tous les outils scientifiques actuels pour les étudier. La dernière recherche sur les panthères a été menée en 2003 par Inbal Perez, étudiante en zoologie. Son étude révéla la présence de seulement deux spécimens dans le Désert de Judée et six dans le Néguev. Il n’en reste certainement plus aucun aujourd’hui. Leur réintroduction dans la région semble peu probable. La disparition de la panthère du désert s’ajoute à la nombreuse liste des espèces animales disparues sur notre planète.
(Makor rishon)