Après la profanation du cimetière de Westhoffen, la colère gronde dans la communauté.
Vif émoi après la profanation d’une centaine de tombes, de plus, survenue le 3 décembre dernier au cimetière juif de Westhoffen, près de Strasbourg. C’est, en effet, la troisième fois en un an qu’un cimetière juif alsacien est profané, après les cimetières d’Herrlisheim en décembre 2018 et de Quatzenheim, en février 2019. Une fois de plus, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner , le grand rabbin de Strasbourg, rav Avraham Weil et le président du Consistoire du Bas-Rhin Maurice Dahan ont accouru sur les lieux pour constater les dégâts et condamner un tel acte: « « Profaner une tombe, souiller une sépulture, salir la mémoire de nos morts. Qu’y a-t-il de plus lâche, de plus vil, de plus odieux ? (…) C’est la profanation de toute la république »a lancé le ministre, avant d’annoncer la création d’un office national de lutte contre la haine. Une mesure qui se rajoute à la mise en place, pour l’instant uniquement dans le Haut-Rhin, des fameux « veilleurs de la mémoire », ces généreux volontaires, tous non-juifs, qui effectuent en pleine nuit des rondes autour des cimetières juifs dans l’espoir de dissuader et d’empêcher ce type de profanation. Il convient de rappeler que l’Alsace compte plus d’une cinquantaine de cimetières juifs. A la différence des carrés juifs existants dans les cimetières municipaux, il s’agit ici de petits cimetières isolés et abritant des sépultures juives depuis des siècles. De plus, la proximité avec l’Allemagne et ses groupes d’extrême-droite organisés font de ces lieux, des proies faciles. Pour le maire de Westhoffen, Pierre Geist : « Ce n’est pas ça l’Alsace. L’Alsace est une terre de tolérance où Catholiques, Protestants et Juifs ont vécu en harmonie parfaite pendant des siècles. Cette intolérance est inadmissible. Je ne pensais pas que ça arriverait chez nous ! » Quant au Président Maurice Dahan , il s’insurge contre la répétition de ces actes et face à leur impunité: « Il n’est pas possible que personne ne voie jamais rien, dénonce-t-il. Nous ne pouvons plus continuer à accepter que les gens se taisent et que ceux qui voient quelque chose ne parlent pas. L’omerta n’a pas sa place en Alsace at-il confié au micro de France Bleu Alsace avant d’appeler à un «éveil de conscience à la vigilance. Ce n’est pas possible qu’un chien n’ait pas aboyé quand ce malfrat commettait son exaction. On est au cœur de Westhoffen avec ses 1600 habitants. Il y a des terrasses, des balcons qui donnent sur le cimetière (…) Pendant longtemps je me suis opposé à la mise en place des caméras de vidéosurveillance, car je me disais que si on doit surveiller les morts, on touche le fond. Mais il va falloir rajouter des caméras dans les cimetières parce que ces gens là veulent atteindre les Juifs par leur mémoire et par leurs défunts et je veux qu’ils sachent qu’ils n’y arriveront pas. ». Il semble que les profanateurs du cimetière de Westhoffen soient les mêmes que ceux qui ont agi à Herrlisheim et Quatzenheim. Mais la police semble avoir le plus grand mal à les identifier. Et il faut souligner que la profanation la plus vaste de ces dernières années s’était produite dans le cimetière juif de Sarre-Union où 250 tombes avaient été saccagées. Certains des coupables avaient été arrêtés mais ils étaient mineurs et avaient écopés de faibles peines de détention. Quant au cimetière de Sarre-Union, il n’a pas été restauré… Pour Frédéric Bierry, président du conseil départemental du Bas-Rhin : « Il est urgent qu’on arrête les profanateurs. Pour savoir contre quoi on lutte… ». En attendant, les belles déclarations du Président de la République sur les «Juifs qui sont et font la France » continueront à sonner creux.
ISABELLE AZRIEL