Voilà un an et demi que Menahem Mendel, 26 ans, et Venezia Barbiera, 23 ans, ont été envoyés par les émissaires du Rabbi de Loubavitch en chli’hout dans cette petite ville paisible de la Côte d’Azur, située à une trentaine de kilomètres de Nice. Parmi les 20 000 habitants de Villeneuve Loubet, environ 200 familles juives vivaient pour bon nombre d’entre elles, jusqu’à leur arrivée, complètement déconnectées de leur judaïsme. Or, après des débuts bien difficiles, ils ont réussi à ouvrir un talmud torah où se rendent une vingtaine d’enfants et d’adolescents chaque dimanche, à rassembler plusieurs familles autour de leur table de chabbat, et plus encore lors des fêtes, à organiser le ramassage scolaire vers les écoles juives de Nice, et à proposer des cours et des activités à des personnes qui, certes s’étaient éloignées, mais ne demandaient qu’à revenir… « Nous avons été très agréablement surpris de voir à quel point ces personnes étaient réceptives ! confie Menahem Mendel à Haguesher. Installées pour la plupart depuis la fin de la guerre à Villeneuve, comme en sorte de fuite, elles étaient tout simplement ravies de redécouvrir leur judaïsme. C’est d’ailleurs tout le sens de notre mission. Peu importe le nombre de personnes que l’on parvient à ramener, une seule suffit à justifier notre investissement. Et comme disait le rabbi au sujet de chaque juif, on frotte un peu et on découvre alors un diamant ! » Pour autant, tout n’a pas toujours été aussi facile. Et ce jeune couple s’y était préparé. Prêt à partir au bout du monde en chli’hout, plutôt que de s’installer dans le confort de leur vie parisienne, ils ont dû, dès leur arrivée, passer des dizaines de coups de fil, taper aux portes avec mezouza (ce qui n’est pas toujours le cas) afin de parvenir à une première rencontre :
« C’est bien simple, pour le premier séder de Roch Hachana alors que nous nous étions vraiment démenés et attendions de nombreuses personnes pour célébrer cet événement, nous n’étions finalement que 6 autour de la table, même pas minian ! » Loin de se laisser abattre, ce jeune couple dynamique et plein d’ardeur s’interroge sur leur façon de pouvoir mieux rassembler, mais se rassure en apprenant qu’un des invités n’avait jamais entendu le chofar auparavant. « Peu importe la quantité, chaque juif est un monde ! » rappelle t-il. Et c’est précisément cet extraordinaire dévouement et capacité à s’émouvoir de la moindre mitsva qui caractérisent les envoyés du Rabbi, partout dans le monde. Ainsi, récemment, comme le veut la tradition Habad instaurée en 1987, chaque année lors du dernier chabbat avant le mois de Kislev, tous les émissaires se retrouvent à New-York pour un Kinous international. Plus de 5000 personnes venues d’une centaine de pays ont répondu à l’appel en cette fin Novembre 2019 à Crown Heights. « Un chiffre en constante augmentation » confirme Menahem Mendel, pour qui ce rendez-vous annuel constitue une source d’énergie et un formidable boost pour toute l’année : « les conseils fusent, les échanges de bons procédés entre chlou’him du monde entier aident tout un chacun et nous réchauffent le cœur dans les moments difficiles que nous pouvons connaître lors de notre chli’hout. » Enfin, inutile de souligner que ce couple, comme l’ensemble des chlou’him, est entièrement bénévole, et s’investit sans compter dans sa mission auprès de chaque personne. Tous deux enseignants à Nice dans l’école dirigée par le Rav Pinson, ils avouent avoir « une vie bien remplie ! »
Isabelle Azriel