Après trois jours de tension, le calme précaire est revenu dans le Sud, mais en dépit d’une opération « Ceinture noire » réussie, ni l’armée, ni l’échelon politique n’ont encore trouvé la recette miracle pour restaurer une fois pour toutes, le calme, et permettre aux habitants du pourtour de Gaza de vivre dans la sérénité. En attendant, la sécurité de la région repose sur… le « Dôme de Fer ». Analyse.
Vendredi dernier, au lendemain de l’instauration précaire du cessez-le-feu, annoncé une fois de plus uniquement par les Palestiniens, les responsables de la Défense Nationale israélienne se frottaient les mains : de leur point de vue, le bilan de l’opération « Ceinture noire » qui a débuté avec l’élimination de l’archi-terroriste du Djihad Islamique Baha Abou El Ata est globalement positif et ce pour plusieurs raisons : d’abord, pour la première fois depuis plusieurs années, Tsahal a repris l’initiative dans la confrontation avec les organisations terroristes. Ce faisant, il a renoué ainsi avec sa fameuse politique des éliminations ciblées, considérée dans le passé comme particulièrement efficace. Cette approche plus pugnace est à mettre au crédit du chef d’état-major Aviv Ko’havi qui prouve, une fois de plus, sa volonté d’aller au-devant de l’ennemi, et son désir de donner à Tsahal une image plus offensive que sous la conduite de son prédécesseur Gady Azencot. Cette politique musclée est, avant tout, destinée à restaurer la force de dissuasion de l’armée israélienne qui n’a cessé de s’effriter au rythme des rounds de confrontations provoquées par les organisations terroristes dans la bande de Gaza. Cette opération a, ensuite, confirmé les impressionnantes capacités de collectes d’informations précises des services de Renseignements israéliens. Un an après l’échec de l’opération qui avait couté la vie au lieutenant-colonel M. et blessé deux officiers des commandos Matkal à Han Younes, le Shin Bet et les Renseignements militaires ont prouvé que, sans être en permanence dans la bande de Gaza, ils sont toujours capables de savoir très exactement où se trouvent les principaux terroristes du Djihad ou du Hamas. L’opération « Ceinture noire » a également confirmé l’efficacité du système de défense « Dôme de fer ». Sur les centaines de missiles et roquettes tirés en direction de zones civiles israéliennes, le système en a intercepté 90 % ! Autre exploit pour Tsahal : celui d’avoir réussi à maintenir hors de la confrontation le Hamas. Certes, la dernière salve de ce round a bel et bien été tiré chabbat matin sur Beer-Sheva, mais c’était uniquement pour l’honneur et seulement afin de permettre aux chefs du Hamas Aniyeh et Sinwar d’aller présenter leurs condoléances à la famille d’Abou El Ata sans risquer de se faire lyncher. Enfin sur le plan diplomatique, Israël a pu constater que la communauté internationale ne se préoccupait pas outre mesure de cette escalade de la violence et laissé l’Etat hébreu, maître du jeu sur le terrain. Mais, car il y a un mais, derrière ces nombreux acquis positifs et encourageants, se cache au moins une critique pertinente émise, ces derniers jours par plusieurs observateurs politiques tels qu’Amit Segal (chaine 12) et Kalman Lipskind (Kan, Maariv). Pour eux mais aussi pour de nombreux Israéliens, le simple fait qu’une organisation terroriste aussi insignifiante, dans l’absolu, que le Djihad ait pu tirer plus de 400 missiles vers Israël en riposte à l’élimination de son chef militaire sans craindre d’être totalement décimé est, en soi, un échec cuisant et prouve que la force de dissuasion reste affectée. A ce propos, Amit Segal a rappelé qu’en riposte à l’élimination de son guide spirituel Ahmed Yassine, en mars 2004, le Hamas avait tiré uniquement trois missiles vers Israël ! Quant à Kalman Lipskind il a affirmé que le gouvernement israélien était devenu accro au Dôme de fer : « Plus besoin de vaincre l’ennemi, plus besoin de dissuasion… Dôme de fer nous protège !… Imaginons un instant ce qui se serait produit, si Israël ne possédait pas ce Dôme de fer ! », a écrit Lipskind. Enfin, même si Mr Nétanyaou considère toujours, comme il l’a dit il y a un an à Paris qu’il n’y a pas de solution au dossier de Gaza ; même s’il préfère gérer ce problème plutôt que de le régler, une interrogation cruciale demeure : comment continuer à regarder droit dans les yeux ces milliers d’habitants du pourtour de Gaza qui continuent avec bravoure et détermination à vivre à Sdérot et dans les localités avoisinantes et qui exigent légitimement que cette situation traumatisante soit enfin jugulée ?
DANIEL HAÏK