Comment parvenir au calme et à la sérénité intérieure dans nos choix
Rehov Haoganim 3, Jérusalem. 5 heures 30. Dès son réveil, Danny Mimoun se souvient de la journée cruciale qui l’attend. En fin de matinée, il doit se présenter à un entretien d’embauche chez le directeur de la firme Mimsadim, après une longue période de recherche d’emploi infructueuse.
A son retour de la synagogue, Dani choisit une belle chemise et hésite quant à la couleur de sa cravate. Il téléphone une fois de plus à ses amis pour leur demander comment faire la meilleure impression possible. Danny répète en pensée le scénario de l’interview et sort de chez lui une demi-heure à l’avance. Il s’arrête à la porte du bâtiment de six étages sur lequel se dresse le logo « Mimsadim », ajuste sa cravate et pousse la porte de verre. Quelques instants plus tard, Danny est debout dans l’antichambre du bureau du directeur. Dans la salle d’attente, plusieurs candidats en cravate entrent les uns après les autres. Danny pénètre dans le bureau et le directeur assis sur un fauteuil inclinable lui adresse un sourire.
Il s’intéresse à ses capacités, écoute les réponses données par Danny, griffonne quelques notes puis prend congé de Danny en lui disant : « Vous recevrez une réponse dans quelques jours ». Danny a-t-il fait bonne impression ? Ses préparations étaient-elles convenables ? De qui dépend son embauche, en fait ? A combien de pourcents la décision est dans les mains du directeur, et à combien de pourcents dans les mains de Danny ? En réalité, leurs pourcentages sont égaux : chacun a zéro pourcent dans la décision… La décision dépend du ciel. Ce n’est ni la couleur de la cravate ni la chemise qui déterminent si quelqu’un plaît à son prochain. Où se trouve alors le choix du directeur ? Il est assis sur le fauteuil du directeur, non ? Le choix du directeur, c’est la façon de donner la réponse qu’il lui semble avoir prise. Une réponse positive, c’est facile à donner. Mais s’il décide de ne pas engager Danny, le directeur peut répondre de façon désagréable en mettant la faute sur Danny, sur ses vêtements ou sur ses propos peu convaincants, ou bien dire qu’il a déjà trouvé quelqu’un d’autre, ce qui n’est pas vexant mais un mensonge.
Et il existe une troisième possibilité. Que va choisir le directeur qui suit les directives de la Torah ? Il va téléphoner personnellement à Danny et lui expliquer gentiment qu’il a perçu chez lui de grandes qualités mais que son entreprise cherche quelque chose de différent. « Nous cherchons encore l’homme qui convient pour cette fonction. Vous êtes très capable, intelligent et doué, mais dans ce cas, nous cherchons d’autres compétences ». Le choix de ce directeur, c’est de rester humain, de ne pas vexer, de ne pas mentir, de respecter chacun même s’il paraît inférieur, de rester honnête et agréable. Et où s’exprime le libre arbitre de Danny ? Dans sa façon d’accepter la décision. Va-t-il se fâcher contre le directeur ou ses amis qui l’ont mal guidé, va-t-il comprendre et accepter le fait que tout est décidé par le ciel ? De nombreux étudiants s’égarent parce qu’il leur manque cette façon de voir les choses. Ce sont ceux qui entrent dans de nouveaux établissements en début d’année en sentant qu’ils ne sont pas à leur place parce qu’ils auraient dû étudier ailleurs, dans une meilleure institution. C’est à cause d’Untel qui ne l’a pas aidé ou d’Untel qui n’a pas parlé en sa faveur qu’ils sont « coincés » ici et pas dans un établissement d’un meilleur niveau qui leur correspond mieux. Les conséquences de ce choix peuvent être destructrices pour l’étude, pour les rapports avec autrui et pour la personne elle-même. Un étudiant qui ne sent pas que son lieu d’étude lui correspond et qu’il est choisi pour lui par le ciel, sentira une distance vis-à-vis de ses enseignants et de ses camarades ; à la suite de cela, il ne réussira pas dans ses études. Ses camarades qui percevront son dédain s’écarteront de lui, ce qui lui causera des problèmes d’intégration. Quant à lui, l’étudiant continuera à accuser les autres et apportera même son échec pour preuve. En réalité, la foi juive est que le « choix » d’un endroit n’est pas dans les paramètres de son libre-arbitre. Son seul « choix », c’est d’accepter la réalité et de l’intérioriser. La souffrance qui vient du manque de foi et d’acceptation est une « punition » que l’homme s’inflige lui-même. Qu’en est-il de la hichtadlout, de l’effort que l’homme doit faire ? L’homme a l’obligation de faire une hichtadlout ; dans le domaine spirituel, cette obligation n’a pas de fin. Mais il doit se souvenir que ce n’est qu’une obligation de hichtadlout ; les résultats n’en dépendent absolument pas. Ce ne sont pas les efforts qui déterminent les résultats.
Le degré de hichtadlout est différent d’une personne à l’autre, et qui la détermine ? L’homme lui-même ! Dans sa parnassa, son travail, son lieu d’étude. La hichtadlout pour être accepté dans un bon établissement qui lui correspond peut se faire par des efforts dans le domaine spirituel, l’étude et la prière. Il existe parfois des possibilités de choisir et l’homme a l’impression qu’il peut choisir où étudier. Dans ce cas, il doit choisir un endroit qui lui soit approprié spirituellement et pas extérieurement. Il fera face à cette épreuve en portant sur lui-même un regard tourné vers l’intérieur, en se débarrassant de ses intérêts personnels, en consultant un Gadol, un Rav ou un conseiller qui connaît la situation, écoute attentivement et décide. Son choix sera d’accepter sa décision. Le libre-arbitre, c’est admettre de façon totale et sereine. Si l’on vit chez soi cette perspective, on prodiguera à ses enfants un atout pour la vie, l’authenticité dans le vécu du judaïsme et la réussite dans l’étude, en plus de la tranquillité et la sérénité.