L’importance du kryat schéma est particulière dans notre tradition.
Il est récité deux fois par jour tout au long de l’année. Le message qu’il véhicule est fondamental. Cependant, il nous faut comprendre comment dans un même texte, la Torah nous parle de l’amour que l’on se doit de porter à D.ieu, de l’attachement qui nous lie à lui et paradoxalement nous rappelle le devoir des Mitsvot et du joug céleste. Amour et devoir sont-ils compatibles ? Rabban Gamliel dans les Pirké Avot (chapitre 2 Michna 4) nous incite à : « annuler notre volonté face à celle de D.ieu pour qu’Il annule sa volonté face à la nôtre ». Le message qui transparaît de ces propos est de nature à encourager l’homme à ne pas agir selon ce que sa volonté lui a indiqué. La Torah attend du juif que son désir soit : la volonté de D.ieu. J’accomplis une Mitsva parce que ‘ ה me l’a demandé.
Le Chéma disait : « Tu aimeras D.ieu ». Mais, disent nos maîtres, pas parce que cela est un plaisir. Même pour celui qui « aime aimer ». Le Rabbi de Louvlin enseignait à ses élèves que pour qu’une prière soit entendue par D.ieu, il ne fallait pas s’adresser à lui en exposant comme argument la souffrance dont nous voudrions être sauvés. C’est pour D.ieu que je dois prier et non pas pour ma souffrance. La Guémara de Sanhédrin (46) précise que face à une requête émanant de l’homme, les anges accusateurs rétorquent, en rapportant ses méfaits. Une question se pose alors : mérite-t-il d’être exaucé ? Qui dans ces conditions peut se permettre de prendre le risque d’une telle confrontation. Alors les maîtres du Talmud nous rappellent que lorsqu’un homme souffre, la Chékhina (existence de D.ieu) partage cette souffrance. Et voilà disent-ils un argument contre lequel les anges ne peuvent rien. Eux non plus ne veulent pas voir la Chekhina souffrir. L’engagement auquel nous invite le Chéma, c’est d’accepter le joug céleste et d’assumer le devoir des Mitsvot. Ceci est un objectif. Aimer ‘ ה fait partie de mes devoirs. Les moyens que l’on pourra utiliser pour parvenir à ce but seront l’amour et l’attachement à l’égard de D.ieu . Cependant il est aussi possible que tout démarre par un sentiment de responsabilité et d’engagement. Cette démarche peut également conduire à l’amour et l’attachement. Ces deux notions qui nous paraissaient paradoxales sont en fait complémentaires dans la fidélité d’un juif à l’égard d’Hachem. Quels que soient les combats, il est des moments dans lesquels l’idéal et l’attachement motivent l’individu.
D’autres ce sont l’engagement et la responsabilité qui prendront le relais. On ne peut pas toujours avoir envie, on ne peut pas toujours devoir. Il va falloir composer avec ces deux notions. A l’approche du mois de Eloul et des fêtes de Tichri, ces deux attitudes sont appelées à s’entrechoquer ou à s’unir pour nous mener au plus près d’Hachem. On s’adressera à Lui en l’appelant Avinou Malkénou : notre père et notre roi. Les deux expriment ensemble la réalité d’Hachem.