S’il est bien un endroit qui correspond au nouvel an des arbres, c’est Néot Kedoumim, une réserve de plusieurs hectares, située à proximité de Modiin, qui rassemble toutes les espèces végétales mentionnées dans la Torah et le Talmud. La nature à l’époque biblique Néot Kedoumim est une grande réserve naturelle située dans la région de Modiin, entre Tel-Aviv et Jérusalem. Plus précisément, elle se trouve juste à côté de la forêt de Ben Chémen. Ce grand parc contient des centaines d’espèces d’arbres, de plantes et de fleurs liées à la Torah ou au Talmud. Le lieu a pu voir le jour grâce à l’initiative courageuse de Noga Haréouvéni zal, botaniste passionnée par la terre d’Israël qui expliquait son choix ainsi : « Nous n’avons plus la possibilité d’entendre les paroles des prophètes. Mais nous pouvons tenter de voir ce qu’ils ont vu et de sentir ce qu’ils ont humé […] en construisant un espace qui illustrera par ses couleurs et ses senteurs les versets bibliques. » C’est ainsi qu’un immense parc de 250 hectares fut créé en 1964, rassemblant toutes les espèces végétales mentionnées dans la Torah. Au prix d’efforts considérables, la réserve prit forme, des sentiers furent
aménagés et les espèces végétales furent regroupées par thèmes. En 1994, Haréouvéni ainsi que toute l’équipe de la réserve reçurent le prix Israël pour leur contribution à la richesse du pays comme le soulignèrent les membres du jury : « La réserve de Néot Kedoumim présente la nature et l’agriculture telles qu’elles sont décrites dans la Bible, le Talmud, le Midrach ainsi que dans les autres sources religieuses. Elle permet aux Juifs d’Israël et de Diaspora de renouer avec la terre de leurs ancêtres à travers la nature, tel un pont jeté entre le passé et le présent ». Des activités sur le thème des fêtes juives Néot Kedoumim accueille aujourd’hui des milliers de visiteurs, elle propose quatre itinéraires différents avec des balades à thème. A chaque saison, la réserve organise des activités pour les enfants autour
du thème de la nature et des fêtes juives. A Pessa’h, ils assistent dans des tentes à des scènes sur la sortie d’Egypte et prennent connaissance des plantes du désert, à ‘Hanouka, ils sont initiés à la cueillette des olives. Pendant l’année, ils apprennent à fabriquer des flacons à épices pour la Havdala, à partir d’espèces dont on leur enseigne les noms et les propriétés. On trouve sur place de nombreux oliviers et d’anciennes presses à olive. Des guides expliquent les différentes étapes de la fabrication de l’huile d’olive à l’époque biblique et talmudique, par l’intermédiaire d’ateliers pratiques. Le sentier des 4 espèces L’un des sentiers le plus populaire est dénommé « le chemin de la soucca. » Il serpente une vallée où sont plantés des palmiers dattiers le long d’un bassin. Près de ce dernier, poussent des saules et des peupliers. Le Talmud rapporte une controverse consistant à déterminer lequel de ces deux arbres correspondait à l’expression biblique arvé Nahal, l’une des quatre espèces utilisées à Souccot. De là, le chemin se poursuit à travers des myrtes, seconde espèce de Souccot, et monte vers le haut de la colline. Là, une exposition présente les
nombreux types de souccot (cabanes) mentionnées dans le Talmud. A côté de cette zone se trouve une plantation impressionnante d’étroguim (cédrats, troisième espèce de Souccot). L’itinéraire raconte les pérégrinations du peuple d’Israël, commençant par des oasis de palmiers (quatrième espèce de Souccot), poursuivant par des saules au bord de l’eau et des joncs représentant la traversée du Jourdain, et finalement par des thèmes du traité Soucca qui
symbolisent l’installation en terre d’Israël. Les 7 fruits de la terre d’Israël La Torah énumère les chivat haminim, les sept espèces de la terre d’Israël comme un tout harmonieux. Pourtant, le Talmud précise que les conditions de croissance de chacun de ces fruits se contredisent l’une l’autre : « Le vent du nord est bon pour le blé mais mauvais pour les olives. Le vent du sud est mauvais pour le blé mais bon pour les olives. » (Baba Batra). Ainsi, les peuples idolâtres de Canaan pensaient qu’il existait plusieurs divinités représentant chacune une condition climatique spécifique et nécessaire à la croissance des plantes. A l’inverse, la Torah unifie les sept espèces, soulignant que seul D.ieu contrôle les facteurs nécessaires à la culture des
fruits. Pour nos ancêtres vivant de l’agriculture, l’échec d’une récolte pouvait signifier la famine. Mais pour le peuple d’Israël, choisir de cultiver les sept espèces constituait
une démonstration publique d’émouna, de foi, montrant leur totale dépendance envers le Ciel pour tous leurs besoins. A Néot Kédoumim, on a appliqué cette idée : chaque espèce végétale est plantée dans Nathalie une zone qui lui est bénéfique. Toutefois, les parcelles de terre sont à proximité les unes des autres prouvant ainsi que toutes les plantes peuvent coexister sur une même terre si telle est la volonté divine. Se marier au sein d’un paysage biblique On ne saurait sous-estimer tout ce qui a été achevé jusqu’à présent dans cette réserve. La restauration de l’ancien paysage, des sites archéologiques, des systèmes traditionnels d’irrigation constitue un travail de longue haleine qui nécessite temps et personnel. On peut y voir des étangs et des ruisseaux, une abondance d’arbres et de plantes, et de tout point du site, on peut admirer des paysages de la Torah. Pourtant,
des arbres sont encore en début de croissance, des sites archéologiques
doivent être explorés et des terres replantées. Il est question de construire un hôtel afin que les visiteurs puissent apprécier les beautés de la réserve naturelle le temps d’un chabbat. Touche unique : il est aussi possible de célébrer au sein de cet environnement biblique des mariages, barmitsvot
et même des brit-milot, une petite salle de fête aux allures rustiques accueille les invités qui y accèdent par un petit train en traversant les paysages enchanteurs. Le câprier, symbole de Néot Kedoumim La réserve de Néot Kedoumim est symbolisée par la fleur de câpre. Celle-ci a été
choisie comme logo de l’endroit d’après les propos du Talmud : « Trois sont appelés courageux et audacieux : Israël parmi les nations, le chien parmi les animaux et le coq parmi les volailles. Certains ajoutent : le câprier parmi les arbres » (Bétsa 25b). Le câprier est qualifié de courageux et d’audacieux par la Guemara en raison de sa capacité à s’adapter à des terrains hostiles et à survivre malgré des conditions difficiles. Il parvient à repousser même après avoir été élagué, incendié ou avoir souffert de maladies. Les caractéristiques de cet arbre reflètent bien la détermination des fondateurs de la réserve. Ce qui n’était
qu’un rêve il y a quelques décennies, est devenu aujourd’hui un magnifique parc regorgeant de variété d’arbres, de plantes et de fleurs, grâce à la persévérance de quelques hommes.
Nathalie Salem