Tout comme le Hamas de Gaza, le Hezbollah a lui aussi creusé des souterrains pour « surprendre » Israël, mais avec des objectifs stratégiques différents. Alors que Tsahal a déjà découvert en ce début de semaine un 3e tunnel
du Hezbollah creusé sous la frontière, Israël a annoncé que l’Opération Bouclier du nord allait sans doute durer plusieurs mois afin d’éradiquer, un à un, chacun des tunnels creusés par le Hezbollah ces quatre dernières années tout au long des 130 kilomètres de la « Ligne bleue », la frontière internationale reconnue par l’ONU qui sépare le Liban d’Israël. Un travail de fond effectué certes sur le sol israélien mais à quelques mètres à peine
des positions du Hezbollah en territoire libanais, ce qui risque à chaque instant de déboucher sur des incidents militaires plus ou moins graves… Comme celui du 8 décembre quand Tsahal a procédé à des tirs d’avertissement contre des éléments suspects qui tentaient de s’infiltrer en Israël à l’endroit précis et au moment même où l’armée découvrait un 3e tunnel. A Jérusalem comme à Beyrouth – où l’on continue de minimiser l’affaire en arguant qu’il n’existe pas de « preuves formelles » montrant que ces tunnels ont été creusés par le Hezbollah –, tout le monde est parfaitement conscient que tout dérapage de cette situation sécuritaire très volatile peut mener à un embrasement général sur toute la frontière-nord d’Israël (celle avec le Liban et celle avec la Syrie) qui impliquerait aussi probablement les forces iraniennes largement déployées pour soutenir le régime Assad… Le Hezbollah veut conquérir une partie de la Galilée…
Or malgré l’apparente similitude entre la tactique du groupe chiite au nord du pays et celle du Hamas sunnite au sud – hormis le fait qu’ils sont aussi tous deux financés par l’Iran -, l’arme des tunnels n’a pas pour eux la même fonction. Au contraire du Hamas de Gaza qui avait creusé pendant des années plusieurs dizaines de tunnels entre la Bande et débouchant aux abords immédiats de plusieurs localités israéliennes du Néguev dans le but
de déclencher – notamment en septembre 2014 lors des fêtes de Tichri et du Nouvel An hébraïque – une « offensive-surprise » et simultanée destinée à tuer le maximum de civils israéliens afin de semer le maximum de terreur parmi la population, le Hezbollah n’a pas exactement le même
plan… En effet, comme l’a répété plusieurs fois depuis la fin de la 2e Guerre du Liban de l’été 2006, le chef du Hezbollah, le Sheikh Hassan Nassrallah, la milice chiite aux ordres de Téhéran comptait sur ces tunnels en tant
qu’arme stratégique non pas seulement pour faire, comme le Hamas
de Gaza, une sorte de « baroud d’honneur » terroriste plus ou moins
spectaculaire, mais pour s’en servir dans le cas où s’ouvrirait une confrontation plus globale entre l’Iran et Israël afin de tenter d’occuper plusieurs sites et positions de l’Etat hébreu en Haute-Galilée. C’est ce qu’a expliqué le 6 décembre dernier, le Premier ministre Nétanyaou en
disant que le Hezbollah cherchait à envoyer « des bataillons complets en Israël pour s’emparer de territoires, ainsi qu’enlever et assassiner des Israéliens ». Il devait lui-même mettre en exergue la différence existant entre les tunnels de Gaza et ceux au nord du pays : « Si vous regardez bien
les tunnels du Hamas, a-t-il dit, ils sont très étroits et conçus à la base pour une seule personne. Quant aux tunnels du Hezbollah, ils sont plus larges et permettent à des terroristes d’entrer en même temps, tout en y introduisant aussi des mini-véhicules blindés et des motos ! (…) En un mot, ils permettent l’entrée sur notre territoire de nombreuses forces de manière simultanée ainsi que de plusieurs bataillons dans le but d’isoler nos villes et nos kibboutzim, puis de lancer une série de meurtres et de kidnappings ». Richard Darmon