Le processus de sélection du prochain chef d’état-major a été marqué par une polémique publique sur plusieurs propos malvenus de l’un des candidats à ce poste-clé, le général Yaïr Golan.
La nouvelle procédure de désignation du N°1 de Tsahal qui succédera début 2019 au chef d’état-major actuel, le général Gadi Eisenkot, comprend 6 étapes pour choisir l’un des candidats en lice – le favori étant toujours le général Aviv Kochavi déjà au poste de chef d’état-major adjoint. Or une centaine de parents de familles endeuillées ont écrit une lettre au ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, demandant que l’un des candidats à ce poste, le général Yaïr Golan – qui fit plusieurs déclarations controversées sur « les mauvais traitements infligés par Tsahal aux Palestiniens » et sur « les risques pris avec la vie des soldats » – ne soit pas nommé chef d’état-major, malgré sa brillante carrière, 37 ans durant, à de hauts postes de commandement. « Face aux civils palestiniens, avait-il aussi déclaré en 2006 à ses officiers, nous prenons à juste titre de hauts risques pour nous-mêmes. On ne peut, pour prévenir ces risques, décider de détruire un immeuble civil : on tuerait alors des femmes et des enfants, ce qui est intolérable ». De plus, le Yom HaShoah 2016, Golan avait aussi suscité la colère de l’opinion et la critique du 1er ministre Nétanyaou quand il osa comparer – lors d’une cérémonie officielle face au Mur occidental à Jérusalem – les « tendances actuelles » en vogue dans la société israélienne à celles en vigueur dans l’Allemagne d’avant 1939 : « Si quelque chose m’effraye dans la mémoire de la Shoah, avait-il dit, c’est d’identifier les processus horribles intervenus en Europe voilà déjà 70, 80 et 90 ans et de trouver des manifestations de leur existence ici, parmi nous, en 2016 ! ». Lieberman devait rejeter cette démarche des parents endeuillés en critiquant « une campagne de diffamation inappropriée contre Golan ». Les autres candidats Aviv Kochavi, 54 ans, a dirigé les Renseignements militaires, puis il fut commandant à Gaza lors du retrait unilatéral de la Bande d’août 2005 sous le gouvernement Sharon. Entré en 1982 dans les parachutistes, il est en 1985 officier d’Infanterie, puis dirige le 101e bataillon de parachutistes dans des opérations de contre-guérilla au Liban. Il commande ensuite une Brigade de parachutistes de réserve, ce qui lui a permis de diriger la 35e Brigade de parachutistes lors de la 2e Intifada. Il a été de 2010 à 2014 chef des Opérations puis des Renseignements militaires. Nommé fin
2014 commandant de la Région-nord, il devient chef d’état-major adjoint de Tsahal en mai 2017.
Quant à Nitzan Alon, il fut affecté de 1984 à 1998 dans l’unité d’élite Sayéret Matkal pour en devenir le commandant en 1998 – une période où il reçoit plusieurs citations pour des « missions secrètes ». Nommé en 2003 commandant de la 551ie Brigade, puis en 2005 chef de la Brigade Etsion au QG. de la Région-centre et en 2007 chef des Opérations de renseignements, il a été de 2009 à 2011 le N°1 de Tsahal en Judée-Samarie puis, en 2012, de la Région-centre – ce qui lui a valu les critiques des habitants des localités juives. En 2015, il est nommé chef des Opérations militaires à l’état-major, puis en 2018 responsable d’un projet spécial de Tsahal sur le dossier iranien. Enfin, Eyal Zamir a commandé de 2003 à 2005 la 7e Brigade blindée et servi comme secrétaire militaire du Premier ministre de 2012 à 2015. Puis, il fut chef de la Régionsud de 2015 à juin 2018.
Richard Darmon