La fréquentation des offices et le volume des dons demeurent globalement stables, semble-t-il. En période de vaches maigres pour le judaïsme français, de crise budgétaire et démographique, ce n’est pas si mal.
Il est trop tôt pour une évaluation précise, mais tout indique que la fréquentation des offices a été à peu près égale à celle de l’année dernière pour Roch Hachana. Le dispositif sécuritaire a également été reconduit mais il semble que Joël Mergui ait eu gain de cause. Le président du Consistoire avait demandé un renforcement du dispositif Sentinelle, notamment des patrouilles statiques à la sortie
des lieux de culte au moment où règne un certain désordre avec des attroupements parfois dangereux. Les autorités militaires et de police, sur ordre du ministère de l’Intérieur et des préfets (conscients de
la résurgence des actes antisémites depuis le début de l’année civile), auraient bien procédé au déploiement accru des forces de l’ordre après les prières – et pas seulement à l’extérieur des très grandes synagogues comme c’était le cas jusqu’à présent. On n’a d’ailleurs signalé aucune incivilité, aucun
débordement pendant les deux yamim tovim. Il faut espérer que cela dure jusqu’à la fin des fêtes de Tichri. S’agissant des dons, le rav Haï Bellahsen, chargé des communautés locales au Consistoire de Paris, note qu’ils restent stables depuis quelques années. « Cela signifie… qu’ils sont insuffisants, explique-til. Car les besoins, eux, ne cessent d’augmenter. Nos coreligionnaires nécessiteux sont de plus en plus nombreux et l’entretien des synagogues coûte cher. D’autre part, si les enchères montent parfois très haut dans l’ouest parisien, on déplore une baisse des dons dans les communautés déclinantes de banlieue ou de province. Heureusement que nous sommes là pour compenser ce déséquilibre grâce à la juste répartition des fonds que permet le caractère fédérateur et solidaire de notre institution.»
Cela dit, le rav Bellahsen souhaite surtout remercier et saluer ceux qui contribuent par leur générosité à la pérennité du judaïsme français en ces temps difficiles. « Dans le contexte actuel, cette stabilité est un événement en soi, dit-il. Kol hakavod ! » Pour Kippour, les migrations internes à la région capitale provoquent des changements. Ainsi, la communauté de la rue Saint-Didier, dans le 16e, dont on connaît
le dynamisme (sous la houlette de son président, le docteur David Amar) et la croissance ininterrompue, loue des espaces de plus en plus vastes pour accueillir les fidèles – et les moins pratiquants – en ce jour incontournable du calendrier juif. La salle des mariages de la mairie d’arrondissement est à leur disposition mais aussi deux autres salles de la même mairie. Dans le 17e, il y aura pour Kippour, comme
la saison passée, un minyan impressionnant à l’hôtel Méridien de la porte Maillot – en attendant l’ouverture très attendue (et indispensable) du Centre européen du judaïsme (CEJ) de la porte de Courcelles, en 2019. A Boulogne, les offices sont en phase ascensionnelle et depuis deux ans, un nouveau local a été créé pour les adeptes du rite tunisien. Il se situe à l’intérieur de la grande synagogue. Notons encore que les « soucca-party » prennent une ampleur exponentielle depuis environ cinq ans. Le concept, imaginé il y a deux décennies par les cadres de la communauté boulonnaise, s’est étendu au point d’attirer des milliers de familles à travers la France, et surtout des jeunes. « Beaucoup de futurs couples se sont connus dans les cabanes, autour d’un repas et des chants ponctuant ces rassemblements
un peu improvisés qui pullulent désormais dans les cours de nos synagogues », se félicite le rav Bellahsen. Rappelons enfin que le Consistoire luimême a l’habitude de réunir les rabbanim, présidents et trésoriers des communautés locales à l’occasion d’une séouda organisée dans la soucca édifiée au pied de
la synagogue de la Victoire. Ce sera le 26 septembre. Un second repas s’y déroulera le lendemain, comme à l’accoutumée. Joël Mergui sera entouré des élus et salariés de l’institution afin de sonder et raffermir le
moral des troupes.
Axel Gantz