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11 Kislev 5785‎ | 12 décembre 2024

Rabbénou tam (1100-1171)

Le Rabbi Yaakov ben Méïr, connu sous le nom de Rabbénou Tam et petit-fils de Rachi, était un Tossafiste. Il fut surnommé Rabbénou Tam en référence au qualificatif accordé à Yaacov Avinou qui fut désigné comme Ich Tam, un homme intègre, parfait. Ce Tossafiste français fut l’un des plus importants de son époque et on lui doit la majeure partie des commentaires des Tossefot du Talmud de Babylone.
Né à Ramerupt, petite ville de Champagne, il est le fils de Méïr ben Chmouel et de Yokheved, l’une des filles de Rachi. Il fut éduqué par son père et par son frère aîné, Rabbi Chmouel ben Méïr (le Rachbam). Il fut aussi l’élève de Rav Yaakov ben Chimchon, lui-même disciple de Rachi et auteur d’un commentaire sur le traité Avot. Sans doute qu’il était trop jeune pour recevoir un enseignement direct de son grand-père. L’on raconte que jeune enfant, Rabbénou Tam se trouvait sur les genoux de son grand-père qui portait Talith et Téfilines et il tenta de retirer les Téfilines de son grand-père. Rachi s’exclama alors : « lorsque ce petit grandira, il sera en désaccord avec mon opinion à propos de la Mitsva des Téfilines ». En outre, il est également rapporté que lorsque Rabbénou Tam entendit des pleurs à la suite du décès de son grand-père, il demanda: « Quelle est la raison de ces pleurs ? » Et sa mère lui répondit que la lumière d’Israël s’était éteinte, ce à quoi il rétorqua: « Je la reprendrai et je la rallumerai ! ».
Bien établi à Ramerupt, Rabbénou Tam possédait de riches domaines qu’il administrait en même temps qu’il menait l’étude dans sa Yéchiva qui comptait près de 80 Tossafistes. Rabbénou Tam subvenait aux besoins de ses étudiants qui devinrent tous de grands érudits. On rapporte qu’il avait l’habitude pendant les séances d’étude de disposer des tas de pièces d’or et d’argent sur une table devant ses élèves et de clamer haut et fort « Tov Li Torat Pikha… » (« Plus précieux est pour moi l’enseignement de Ta bouche que des monceaux d’or et d’argent », Psaumes 119,72) Lui qui avait bénéficié des « deux tables », celle de la richesse et celle de la Torah était à même d’exprimer clairement que la valeur de la Torah est supérieure à toutes les richesses du monde.
Ses écrits :
Outre les commentaires du Tossefot qui lui sont attribués, Rabbénou Tam a écrit des Piyoutim (poèmes liturgiques) et des Responsa réunis dans son ouvrage Séfer Hayachar (à ne pas confondre avec le midrach homonyme qui porte le même nom). On ne dispose que d’un seul manuscrit de son Séfer Hayachar qui est conservé à la bibliothèque nationale et universitaire de Jérusalem. Rabbénou Tam correspondait en vers rimés avec Rabbi Avraham Ibn Ezra et approuva l’introduction de piyoutim dans la liturgie car il ne les considérait pas comme des interruptions de la prière. Il possédait les manuscrits de son grand-père Rachi et de nombreux autres, provenant d’Allemagne, du Nord de la France mais aussi d’Afrique du Nord et d’Espagne qu’il prenait soin de corriger et d’annoter.

De Ramerupt à Troyes
Un grave incident marqua la vie de Rabbénou Tam : il fut sauvagement attaqué dans son village par des croisés de la Deuxième Croisade. Le Rav put avoir la vie sauve grâce à l’intervention d’un noble qui assista à cette tentative de tuerie et implora ses pairs de laisser ce Juif en vie en leur promettant qu’il le convertira… Ce non-Juif savait que Rabbénou Tam était particulièrement riche et qu’il lui verserait, en contrepartie, une somme considérable. Rabbénou Tam récompensa généreusement ce non-juif qui lui sauva la vie et ne tarda pas à quitter son village pour se réfugier à Troyes.

Sa dernière année de vie
En mai 1171, à Blois (commune du département de Loir-et-Cher), un valet-servant chrétien prétendit avoir vu un Juif jeter le corps d’un enfant dans la Loire. Bien qu’aucun cadavre ne fut retrouvé, la quarantaine de Juifs résidant dans cette commune furent jetés en prison. On proposa alors à ces Juifs de se faire baptiser s’ils voulaient rester en vie mais, dans leur très grande majorité, ils préférèrent mourir en sanctifiant le Nom d’Hachem. Le 20 Sivan de la même année fut un jour tragique pour les Juifs de France, 38 Juifs périrent sur le bûcher : c’était la première manifestation d’accusation de crime rituel en Europe occidentale qui, malheureusement, en entraîna d’autres à Pontoise, Joinville et Loches. Le martyr des Blois laissa une impression indélébile sur les Juifs de l’époque et des Seli’hot furent composés à ce sujet. Lorsque Rabbénou Tam apprit ces événements tragiques, il institua le 20 Sivan comme jour de jeûne pour les Juifs de France, d’Allemagne et de Grande-Bretagne. Très affecté par ce massacre, Rabbénou Tam décéda deux semaines plus tard, le 4 Tamouz.
Il fut enterré dans l’ancien cimetière de Ramerupt, aux côtés de son frère, le Rachbam, de son neveu Rav Its’hak ben Chmouel Hazakène de Dampierre et d’autres Tossafistes. En 2005, ce cimetière fut rénové et un Beth Hamidrach fut construit à proximité.
Yokheved Levy

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