Rabbi Its’hak Elfassy, connu sous le nom du Rif est le fils de Rabbi Yaakov Hacohen. Il est né en 1013 en Algérie, dans la localité de ‘Hamad. Dans sa jeunesse, il étudie à la Yéchiva de Kairouan à Tunis auprès de son maître, un commentateur du Talmud, Rabbi David Ibn Hadjer. Il est également le disciple de Rabbi Nissim ben Yaakov et de Rabbi ‘Hananel ben ‘Houchiel, tous deux de Kairouan également. Le Rif vit à une période qui correspond à la phase de transition entre les Guéonim et les Richonim. De ce fait, le Rif reçoit une accréditation partielle du titre de Gaon. Son tribunal rabbinique jouit d’une si bonne renommée qu’on en vient à le comparer au Beth Din Hagadol de Jérusalem ou au Beth Din de Yavné. A l’époque des Richonim, les Sages vouent un profond respect au Rif et une admiration hors du commun. Le Raavad par exemple, a écrit à propos du Rif : « Je me fie au Rav même s’il affirme que la droite est gauche ». Par la suite, le Rif s’installe au Maroc, à Fès (d’où son surnom d’Elfassy) et fait de cette ville un véritable centre de Torah, un pôle d’attraction vers lequel affluent des élèves venus de toutes parts, pour s’abreuver du « puits d’Its’hak ». Mais, suite aux querelles qui éclatent entre Chrétiens et Musulmans, le Rif est contraint de quitter la ville de Fès car certains profitent de cette atmosphère troublée pour médire de lui devant la cour royale. On ignore le contenu des mauvais propos calomniés mais l’on sait que le Rif quitte le Maroc en 1088, à l’âge de 75 ans, pour rejoindre l’Espagne. Il réside d’abord à Cordoue pendant 6 mois avant de se rendre à Lucène où se trouvait une ancienne communauté de Juifs. Le Rav bénéficie d’un accueil honorable dans cette ville où on ne tarde pas à le nommer Rav de cette grande communauté et Roch Yéchiva de Lucène, après le décès de son prédécesseur, Rabbi Its’hak Ibn Giat. Le Rif est admiré de tous les Juifs aussi bien de ceux qui sont proches du judaïsme que de ceux qui en sont éloignés. Le Rif forme dans sa Yéchiva de nombreux érudits qui vont, par la suite, prendre la direction de différentes communautés de Diaspora. Le Rif est le premier à avoir composé un ouvrage de Halakha (le Séfer Halakhot) qui présente les lois de façon concrète. Dans un style talmudique qui englobe les grands sujets traités dans le Chass, il met à jour, à partir des débats talmudiques, les lois du Chabbat, de la prière… et bien d’autres domaines encore, exceptés les lois qui ne s’appliquent qu’en présence du Beth Hamikdach telles que les lois relatives aux sacrifices. Composé d’environ 24 traités, le Séfer Halakhot du Rif constitue un ouvrage de référence dans le monde de la Halakha. Certains érudits l’ont surnommé de « petit Talmud ». Aux côtés du Rambam et du Roch, le Rif est l’un des trois décisionnaires halakhiques auxquels le Rav Yossef Caro s’est référé pour édifier son Choulkhan Aroukh : ouvrage de Halakha qui éclaire les Juifs depuis 400 ans. Le Rif décède à Lucène le 10 Iyar 1103, à l’âge de 90 ans. Après sa mort, Rabbi Moché Ibn Ezra et Rabbi Yéhouda Halévy (qui a été l’un de ses nombreux disciples) ont rédigé des poèmes décrivant sa grandeur.
Yokheved Levy