Alors que ce sujet n’est presque jamais abordé lors des campagnes électorales successives ressemblant à des « foires d’empoigne » sans aucun débat de fond, la nécessité d’impulser une réforme du système politique israélien et de son mode de scrutin, fauteurs de corruption et de blocages tous azimuts, constitue l’un des « serpents de mer » de la scène politique nationale depuis des années…
Interprétant à sa manière les résultats des élections de 2015 et les contours de la volonté populaire qui s’y est exprimée, le Premier ministre Nétanyaou avait alors défini un troisième axe de travail « prioritaire » pour son futur gouvernement : réformer le système électoral pour éviter que de petites formations sectorielles ne continuent de bloquer, par leurs chantages politico-financiers en tous genres, la formation puis le maintien de coalitions parlementaires stables et élargies.
Or, une fois de plus, rien n’a été entrepris dans ce domaine, comme si tous les politiciens professionnels du pays appartenant aux grandes formations – ceux de la droite et de la gauche, comme du centre – ne souhaitaient pas du tout « scier la branche » sur laquelle ils sont assis depuis des décennies ! Le tout en prétextant que la mosaïque ethnico-religieuse israélienne ne saurait se passer de ce mode de scrutin datant pourtant des pires moments de la 4ième République française ou des imbroglios sans fin « à l’Italienne » !
Alors qu’une commission spécialisée de la Knesset planche depuis près de vingt ans sur ce sujet en préparant assidûment, article par article, un « Projet de Constitution » pour le pays, il suffirait – pour commencer – de décider d’un système bien plus équilibré (et déjà pratiqué à l’étranger) de « panachage » pour les élections au parlement : la moitié des députés de la Knesset se feraient élire dans des circonscriptions locales couvrant tout le pays, pendant que les 60 autres continueraient d’être désignés lors d’un scrutin de listes à la proportionnelle. Ce qui permettrait de générer l’apparition de nouveaux leaders politiques, pas seulement partisans et liés à un parti et une « idéologie », mais ayant aussi acquis dans leurs régions l’expérience du terrain et avant tout soucieux de l’intérêt national.
Tant redoutée par l’establishment politique en place depuis si longtemps – à tel point qu’on devient parfois ici député, voire ministre « de père en fils » -, une telle réforme ne permettrait-elle pas enfin, après 70 ans de chaos politique, de mieux faire correspondre le pays légal avec le pays réel en passant ainsi à la IIième République israélienne ?
Richard Darmon