Au moment de la Guerre d’Algérie, nombreux furent ceux de ses habitants qui ont dû fuir en catastrophe vers des horizons plus calmes, comme la France. Un périple mémorable et douloureux que certains ont du mal à évoquer, ne serait-ce qu’avec leurs propres enfants.
Dans un entretien pour Haguesher que nous présenterons en plusieurs parties, l’une de ces personnes qui préfère garder l’anonymat a accepté de nous livrer son émouvante expérience, les larmes aux yeux à maintes reprises.
Haguesher : Mme B., racontez-nous votre histoire, comment a-t-elle commencé ?
Mme B. : Lorsque la guerre a éclaté en Algérie, mon mari et moi avions déjà 5 enfants, dont le plus jeune n’avait que quelques mois et nous travaillions tous deux à la poste. En réalité, tout a vraiment commencé lors de l’énorme séisme qui a secoué le pays tout entier, même si l’idée de partir avait déjà commencé à germer dans nos esprits. Les arabes perpétraient des massacres en grand nombre, et des familles que nous connaissions très bien faisaient partie des malheureuses victimes de leur folie grandissante. Nous avons été forcés de fuir par bateau à destination de la France, trajet très pénible et qui nous a paru durer une éternité, avec un bébé et des enfants en bas âge. Nous allions vers l’inconnu, anxieux et soucieux quant à notre avenir, même si nous savions que derrière nous, tout n’était que cauchemar. Nous adorions Oran, notre village natal, le « bled », tout cela allait terriblement nous manquer.
Moi, je suivais mon mari, j’avais confiance en lui, mais lui, fallait-il qu’il ait confiance… Dans son courage, il n’a jamais rien laissé paraître mais je sais qu’il a souffert bien plus que moi de tout ce bouleversement dans nos vies : c’était lui qui était responsable de sa famille, lui qui devrait subvenir à nos besoins sans délai dès notre arrivée…
A suivre…
N.I.