Peut-on avoir deux manières de décrypter un événement capital de la réalité israélienne, ou bien sommes-nous toujours obligés de nous aligner sur la pensée unique des journalistes, et sur les conclusions uniformes des commentateurs ? Ou bien peut-on, et doit-on s’extraire du carcan dans lequel la plupart des médias tentent de nous enfermer en permanence pour tenter de prendre un peu de recul pour oser avancer une autre interprétation dans le dramatique bras de fer qui oppose Binyamin Nétanyaou et la presse israélienne ? Nous avons penché pour la seconde option.
De prime abord, ce serait un crime de lèse-majesté que d’oser remettre en cause les accusations portées contre le Premier ministre dont nous abreuvent les quotidiens les sites d’informations, les radios et les journaux télévisés. A les entendre tout est clair : dans les affaires 1000, 2000, 3000, 4000, 1270, Binyamin Nétanyaou est coupable avant même d’avoir été jugé. Avant même d’avoir été inculpé.
C’est le cas pour une partie importante de cette presse, c’est-à-dire pour les analystes du Yediot A’haronot (Nahum Barnéa, Sima Kadmon), du Maariv (Ben Caspit), du Haaretz (tous), pour certains commentateurs de la Seconde chaîne comme Amnon Abramovitz (celui qui voulait « étroguer » Sharon au moment de l’expulsion du Gouch Katif), pour Raviv Drucker de la Chaîne 10 et d’autres encore.
Car de facto, pour eux, Nétanyaou est avant tout coupable du péché originel : celui d’avoir été élu Premier ministre après l’assassinat d’Its’hak Rabin. Il est coupable d’avoir remporté sur le fil les élections de mai 99 face à un Shimon Pérès « maudit » par les attentats, par les sondages, par Oslo.
A partir de cet instant et même avant, pour certains de ces journalistes, Bibi est devenu l’homme politique à abattre. L’homme plébiscité par le peuple dans les urnes n’a jamais cessé d’être l’ennemi public no 1 des élites médiatiques.
Durant son premier mandat, entre 1996 et 1999, Nétanyaou est resté relativement sage. Certes le Premier ministre avait déjà alors, révélé sa relation complexe avec l’argent, son attirance pour le luxe, son affection pour les grandes fortunes de ce monde, mais il avait pris soin de ne pas s’en prendre frontalement aux médias qui déjà l’attaquaient systématiquement lui et son épouse. A l’exception de quelques déclarations méprisantes, Nétanyaou n’avait pris aucune initiative pour tenter de modérer l’opposition trop farouche de la Presse.
Mais depuis son retour au pouvoir, en 2009, Mr Nétanyaou a décidé de prendre le taureau médiatique par les cornes et de le faire fléchir.
Comment ? D’abord, en provoquant la création du quotidien Israël Ayom grâce au soutien massif de son ami milliardaire Chelson Edelson. Mais que les choses soient claires, une fois pour toutes : Israël Ayom n’aurait jamais vu le jour si le Yediot A’haronot, alors d’une puissance hégémonique, n’avait pas adopté envers Nétanyaou une attitude non pas seulement négative (ce qui aurait été légitime), mais pire que méprisante. Le Israël Ayom n’aurait pas vu le jour si le Yediot n’avait pas mobilisé toutes ses meilleures plumes pour les planter systématique dans le cœur du Premier ministre. Dans le dossier 2000, dans l’une des conversations qu’il a avec le patron du Yediot, Nétanyaou demande à Nouni Moses de baisser le niveau de haine à son égard de 9,5 à 7,5 ! Il ne demande pas à son pire ennemi une couverture favorable : seulement de faire baisser le seuil de haine à son égard. N’est pas légitime ? Pourquoi cette simple requête est devenue le cœur de l’affaire 2000 ?!
Si la presse israélienne s’était comportée honnêtement dans leur « couverture » du Premier ministre, Israël Ayom n’aurait pas eu besoin de naître. Et d’ailleurs heureusement que ce média existe car il a permis d’offrir au public israélien qui semble le plébisciter une masse d’informations à laquelle il n’avait pas accès jusque là. Et si des sites comme ynet ou le Haaretz n’avaient pas de parti pris systématique contre Mr Nétanyaou, alors ce dernier n’aurait peut-être pas ressenti le besoin de solliciter, apparemment, une couverture favorable de la part de Shaoul Alovitz le patron de Bezek et du site d’information Walla. Bien entendu cela ne signifie pas que le Premier ministre ne soit pas allé un pas trop loin dans sa relation avec Alovitz et si c’est effectivement le cas il faut que la justice le sanctionne. Mais à l’origine il convient de reconnaître que c’est la haine viscérale et déplacée de Nétanyaou que cette presse a développé envers Nétanyaou qui a favorisé la création de médias venus contrer cette couverture plus que tendancieuse.
Binyamin Nétanyaou n’est probablement pas blanc comme neige. L’usure du pouvoir se fait bien évidemment ressentir après dix ans passés au sommet. Mais il n’est certainement pas corrompu comme s’évertuent à le prouver ces médias israéliens qui en le condamnant avant l’heure, ont, depuis longtemps outrepassé leur véritable mission ; celle d’informer sans parti pris. En se comportant de la sorte, et en salissant leur profession, ces journalistes, en ont poussé d’autres, scandalisés par un tel traitement si malhonnête, à mettre de côté leur impartialité pour dénoncer, à leur tour, les dérives de certains de leurs confrères.
Daniel Haïk