4 soldats israéliens ont été sérieusement blessés le 17 février à la frontière entre Israël et la Bande de Gaza par l’explosion d’un engin piégé. Ni le Hamas ni les autres organisations terroristes de la Bande n’ont revendiqué cette attaque, considérée comme la plus sérieuse depuis l’opération Bordure Protectrice durant l’été 2014. La réponse de l’armée de l’air israélienne a été massive.
Peu après cet incident grave, les appareils israéliens ont pilonné près d’une vingtaine de positions terroristes dans Gaza et ses environs. Réagissant à ces développements, le porte-parole de Tsahal en a rendu le Hamas directement responsable.
Le discours contradictoire des factions armées palestiniennes
Cependant, il est significatif qu’aucune de ces deux factions n’ait tenu à revendiquer cet attentat. « Nous préférons préserver le calme à Gaza et éviter la guerre, » a déclaré Ghazi Hamad, un responsable du Hamas chargé des relations internationales. « Cette action est naturelle et légitime, a pour sa part précisé Daoud Shehab, porte-parole du Djihad islamique. Mais il n’est pas dans notre intérêt d’aller à la confrontation directe avec les Israéliens ».
Et ce, alors que la radio israélienne citait une source palestinienne haut-placée certifiant que la direction du Hamas avait informé l’Egypte que si son mouvement souhaitait effectivement rehausser l’intensité de la confrontation avec Tsahal, il n’était pourtant pas responsable de l’explosion du 16 février…
En fait, malgré ces assertions contradictoires, ni Israël, ni le Hamas, ni le Djihad islamique ne souhaitent une escalade pouvant déclencher une nouvelle guerre. Et ce pour des raisons à la fois différentes et convergentes : côté palestinien, parce que le Hamas au pouvoir depuis 2006 n’a jamais été capable de sortir la Bande de sa crise socio-économique endémique malgré une aide financière massive de l’Arabie Saoudite. Ce qui le rend de plus en plus impopulaire dans la rue palestinienne. Et aussi côté israélien, parce que Jérusalem ne veut pas que s’ouvre un 2e front au sud du pays alors que les tensions ne cessent de monter à sa frontière-nord avec l’Iran, le Liban, le Hezbollah autour du conflit syrien.
Le rôle évident de l’Iran
Cette claire volonté du Hamas, malgré sa série de démentis formels, de faire monter la tension contre Israël est indubitablement due aux liens renouvelés du gouvernement islamique de Gaza avec le régime des mollahs iraniens, lequel a tout intérêt à vouloir aussi inquiéter Israël sur sa frontière-sud.
On se souvient en effet qu’il y a quelques mois, après le refus de Ryad de prolonger son aide financière à Gaza (notamment parce que le QG. de sa branche internationale avait trouvé refuge de Syrie au Qatar, un pays alors boycotté par l’Egypte et 5 pays du Golfe), le Hamas s’était une nouvelle fois tourné vers l’Iran – dont il s’était provisoirement éloigné vu son rôle trop actif dans la guerre civile syrienne -, alors que Téhéran attendait avec impatience de redevenir actif au sud d’Israël.
Il s’en est suivi dès cet automne à Beyrouth d’importantes rencontres stratégiques de « coordination » entre les responsables militaires du Hamas et de hauts gradés des Gardes révolutionnaires iraniens débouchant sur de nouvelles livraisons d’armes sophistiquées dans la Bande et un nouveau « programme d’action » anti-israélien.
Nul doute, donc, que l’attaque – assez sophistiquée au plan technique -du 16 février dernier au sud de Gaza faisait partie de ce plan commun…
Richard Darmon